vendredi 28 juin 2019

AVEC DES SI ON METTRAIT LA PMI EN BOUTEILLE ?


Je sais : rien ne va plus à l’hôpital, les services des urgences sont en crise, la médecine générale est désertée.

Mais je vous rassure, né en 1945 par ordonnance non pas médicale mais ministérielle, un maillon mal connu, peu reconnu de la chaîne de notre système de santé frise la rupture si rien n’est fait pour le sauver dans un délai raisonnable.

Médecine préventive à vocation universelle ciblée sur la planification familiale, le suivi des grossesses ainsi que des enfants jusqu’à l’âge de six ans, la mal nommée Protection Maternelle et Infantile est tout autant malmenée que la médecine hospitalière ou la médecine générale sinon plus.

Mal nommée car si à l’origine au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale sa vocation était de lutter, protéger contre la mortalité infantile, le contexte actuel est bien différent et le mot « Protection » porte à confusion avec la protection de l’enfance. Sa substitution par « Prévention Maternelle et Infantile » ou « Promotion Maternelle et Infantile » serait une première étape symbolique pour modifier le regard des citoyens comme des professionnels sur un service public pour tout public.

Portée par les Conseils Départementaux (ex Conseils Généraux), elle souffre d’une forte hétérogénéité sur le territoire, dépendant essentiellement du budget que les élus peuvent ou parfois veulent lui allouer mais aussi des priorités et des visions politiques de chaque assemblée départementale. A la décharge des élus départementaux, l’Etat comme l’Assurance Maladie ne se sont pas bousculés pour leur venir en aide.

Petit aperçu d’une PMI en crise:

-en vingt ans, le nombre d’enfants vus en consultation en PMI a diminué quasiment de moitié passant de 900 000 à 550 000. Vu l’état de la démographie des pédiatres libéraux et des médecins généralistes sur le même laps de temps, il y a peu de place pour un effet de vases communicants.

-le budget général de la PMI a diminué de 4 % entre 2013 et 2017.

-de nombreux postes de médecins sont vacants alors même que deux tiers des médecins de PMI en poste atteindront l’âge de la retraite d’ici 2020.

Il paraît pourtant que la prévention serait un axe prioritaire de la Stratégie Nationale de Santé et bénéfique tant pour la population que pour les finances publiques.

L’heure n’est plus à tirer la sonnette d’alarme mais à pratiquer le massage cardiaque.

Dans cet objectif, un rapport intitulé « Pour sauver la PMI, agissons maintenant ! » (en lien ici) a été présenté par la députée Michèle Peyron. Il contient plusieurs propositions ainsi que le budget nécessaire pour les mettre en oeuvre : 100 millions d’Euros, une somme homéopathique.

Hasard du calendrier d’une fin de mois de juin caniculaire où les millions d’Euros se télescopent, la Commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé a voté ce 26 juin le déremboursement de l’homéopathie pour cause d’efficacité non prouvée. Si la ministre de la santé actait cet avis, ce serait possiblement 126 millions d’Euros d’économie. Imaginons les économies potentielles si dans le domaine médical tout ce qui n’a pas fait la preuve de son efficacité voire mieux, si tout ce qui a fait la preuve de son inefficacité était déremboursé.

Pour le moment nous en sommes là, plutôt Madame Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé en est là avec d’un côté un rapport pour sauver la PMI à 100 millions d’Euros par an, de l’autre un avis de la HAS sur un déremboursement avec à la clé une économie évaluée à 126 millions d'Euros par an.

Et si on faisait se communiquer les vases. 

Et si l'homéopathie finissait par sauver la peau de la PMI, quel beau tour d'honneur. 

Mais si Avis et Rapport finissent leur vie comme tant d’autres au fond d’un tiroir ministériel…

Avec des si.

2 commentaires:

  1. Et dire que de plus en plus de gens renoncent à y aller car ils trouvent en face d'eux des "professionnels" jugeant de leurs actes, voulant apporter de force des réponses sans répondre aux questionnements, menaçant et faisant des IP pour les récalcitrant.

    L’inconvénient des études médicales, c'est qu'elle pousse le futur médecin à se croire pus fort que tout le monde, et souvent, imbue de sa position de 'sachant' il impose aux autres sa vision, les forcant, les contraignants à faire comme il pense lui. À la mode des dame patronnesse du 19ème.

    Mais nous sommes dans une société qui dérive autoritaire, qui peut penser que la médecine en serait préservée ?

    herve_02

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  2. Exactement les futurs maman vont consulter en pmi de bonne grâce puis elles fuient ces instances. Pourquoi ? Parce que si vous ne rentrez pas exactement dans leur critère de soin et bien l on vous fait clairement comprendre que vous risquez les pires ennuis.
    Vaccination à tour de bras sans de réel consultation, la moindre baisse de courbes et hop vous êtes sursuivi, catalogué sans ce poser la question de votre personne de votre passé familiale. Si l on était moins flicqué et plus écouté je pense que nous irions plus volontier.

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