vendredi 28 février 2014

LES EXPERTS


Alors, comment dire pour ne pas froisser ?

Oui voilà, j’ai trouvé le mot : dubitatif. Je vais commencer avec diplomatie.

Je suis donc DU-BI-TA-TIF.

Dubitatif de quoi ? D’un avis d’experts tout simplement (ça fait genre celui qui se la pète je sais, mais je te jure que c’est pas ça).

Bon, moi j’avoue être une bille en statistiques, en études randomisées, en essais contrôlés et tout ça. Je ne suis qu’un simple troufion de terrain au sein de cette grande armée de professionnels de santé, un sans grade. A peine la cinquième roue du chariot, et encore, pas très bien gonflée. Je ne suis même pas lecteur Émérite de la revue Prescrire (bouh le mauvais médecin !). Mais je pioche et continuerai de piocher dans cette revue ce qui m’intéresse. Car malgré le récent débat et le buzz médiatique engendré par sa demande de retrait du dompéridone (Motilium) fondée sur une étude discutable, elle reste à mes yeux une référence en termes d’information médicale. Alors on peut la critiquer, bien sûr, et encore heureux, cela me semble d’ailleurs extrêmement sain. La considérer comme une bible serait dangereux. Mais sur cette dernière affaire, on sait tous comment fonctionne notre pays. Pour atteindre la moitié d’un objectif, il faut fixer la barre à 200 % voire plus. Dans ma pratique de simple troufion, j’ai vu et je vois régulièrement passer des prescriptions de Motilium à la moindre régurgitation de jolis bébés bien dodus, à la moindre suspicion de gastro chez des enfants ayant un peu mal au ventre, ayant vaguement eu une selle molle, mais au cas où ils se mettent à vomir, on ne sait jamais… Donc si au final, cette histoire permet de faire le ménage dans ces prescriptions inappropriées voire exagérées, eh bien tant mieux ! Et bravo Prescrire !

Ce n’est pas de ça que je voulais parler, mais trop tard, c’est fait. Et j’ai ma transition, car mes doutes concernent la gastroentérite justement. Plus précisément la gastro à rotavirus contre laquelle une vaccination existe depuis plusieurs années. Cette vaccination n’était pas recommandée en France par les experts (les gradés) mais depuis peu, elle l’est. Comme on dit hein, y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Donc les experts, comme ils sont très intelligents, ben ils ont changé d’avis. Alors moi le petit troufion, je suis un peu embêté. Précision importante, je ne suis pas un anti-vaccin, loin de là, ni un intégriste de la vaccination. Je pense, tout du moins je tente d’être un modéré, et respecte studieusement (bêtement peut-être) les recommandations vaccinales que j’explique du mieux que je peux aux parents. Puis au final, ils choisissent.

Sauf que sur ce coup-là, je ne le sens pas. Je n’ai donc absolument pas envie de suivre les recommandations des experts. Mais faute avouée est à moitié pardonnée n’est-ce pas ? Pas très scientifique tout ça hein. C’est peut-être dommage, mais d’un côté, autant que les experts sachent que leur avis n’a pas convaincu car je serais très étonné d’être le seul médecin dans ce cas. Tu me diras, peut-être que les déléguées médicales de Sanofi Pasteur et GSK seront plus convaincantes. Le souci, c’est que je ne reçois pas les déléguées médicales, même à jupe courte ou tour de poitrine avantageux. Merde alors ! C’est insoluble.

Pour avoir une idée précise de quoi il s’agit, les experts du Haut Conseil de la Santé Publique ont publié un résumé, une synthèse ainsi que le rapport complet de 56 pages concernant cette vaccination sur leur site ici : HCSP.

Toutes les réflexions qui vont suivre ne sont absolument pas scientifiques, mais la médecine n’est pas qu’une science si ? (Je te laisse y réfléchir quelques secondes).

Et si les médecins doivent s’adapter aux patients, les recommandations des experts ne devraient-elles pas s’adapter à la fois aux médecins et aux patients ? (C'est pas la peine d'y réfléchir, les experts l'ont fait à ta place).

Premièrement, comme le résumé de cet avis ne m’a pas convaincu, j’ai dû lire la synthèse. La synthèse ne m’ayant pas plus convaincu, ben je me suis tapé (presque) tout le rapport. Donc les experts, vous êtes bien gentils, mais si vous croyez que les médecins ont le temps de lire toute votre prose, vous vous mettez le doigt dans l’œil ! Essayez d’être convaincants dès le résumé SVP.

Ensuite, il s’agit donc de recommander à tous les nourrissons de moins de 6 mois la vaccination contre les rotavirus. Ces virus font partie des germes provoquant cette foutue GastroEntérite Aigüe (GEA). Le vaccin n’évite donc pas toutes les gastro qui peuvent être causées par une multitude d’autres germes. Mais la GEA à rotavirus, comme nous l’expliquent les experts, serait chaque année chez les enfants de moins de 3 ans, à l’origine de 155 000 consultations en médecine générale, 30 000 recours aux urgences hospitalières, et 14 000 hospitalisations. « Serait » car tous ces chiffres sont des estimations. Lorsqu’un enfant est reçu par exemple en cabinet de médecine générale pour une gastro, c’est pas marqué sur son front qu’elle est causée par un rotavirus. Pour avoir des chiffres exacts, il faudrait analyser les selles de tous les enfants présentant une GEA. Imagine la galère. Bon, ces chiffres s’approchent probablement de la réalité, mais voilà, ce ne sont que des estimations. Et évidemment, toutes ces consultations et hospitalisations coûtent cher à la société. L’argument économique… Mouais, ça s’entend bien sûr, mais ça me dérange. Voilà, autant le dire. Mais OK, parlons économie. Mais économie du côté du patient.

Deux vaccins sont commercialisés : Rotateq et Rotarix. Tous deux s’administrent par voie orale, le premier en 3 doses (à 2, 3 et 4 mois de vie), le second en 2 doses (2 et 3 mois). Pour une dose, il faut compter entre 70 et 90 Euros non remboursés. La modique somme de 140 à 270 Euros est donc à débourser par les parents pour que leur bambin soit vacciné (s’ils n’ont pas eu de jumeaux, de triplés, voire plus). Alors bisounoursons un peu (comme le font les experts) : même si les laboratoires dans un grand élan de générosité venaient à les refourguer moitié prix leurs vaccins, ça coûterait encore un bras cette histoire, surtout pour les plus démunis. Mais les experts ont tranché, soit…

Laissons de côté l’aspect économique pour parler santé. Le danger de la GEA, c’est la déshydratation. Lorsqu’un nourrisson a besoin d’être hospitalisé pour une gastro, c’est qu’il est déshydraté, il faut alors le réhydrater. Fastoche ! Avant qu’il ne soit déshydraté, ou lorsqu’il commence à l’être un peu, des solutés de réhydratation remboursés permettent de résoudre le problème dans la grande majorité des cas. On évite ainsi l'étape de la réhydratation à l'hôpital. Mais pas de bol, alors qu’ils reconnaissent qu’aucune étude n’existe sur les pratiques des médecins et des familles quant à la prévention de la déshydratation, les experts estiment que la pratique de la réhydratation orale reste très vraisemblablement insuffisante. Ajoutant à cela que le nombre de solutés de réhydratation orale remboursés par l’assurance maladie ne progresse plus depuis 2010, c’est à leurs yeux un argument pour recommander la vaccination. Ouais, je t’avais prévenu, DU-BI-TA-TIF, c’était vraiment pour être très diplomate… Je suis sans aucun doute très light sur le plan scientifique, mais j’ai l’impression de ne pas être le seul…

On vient de parler du danger de la GEA. Alors au tour du danger de ces deux vaccins maintenant. Les experts en font quasiment un cours dans leur rapport, c’est bien qu’il y a danger, certes peu fréquent, mais réel. Ces vaccins augmentent le risque d’invagination intestinale aiguë dans les 31 jours et majoritairement dans les 7 jours après l’administration de la 1 ère dose. Mais ne t’inquiète pas, car les experts recommandent que l’information sur le risque d’invagination intestinale aiguë soit systématiquement délivrée par les professionnels de santé aux parents des enfants vaccinés. Tu vois, no soucy ! Surtout que les professionnels de santé savent parfaitement prendre en charge ce problème lorsqu’il survient. Cool mec, déstresse. Non mais sans rire, pour moi, l’invagination intestinale aiguë chez le bébé, c’est un peu comme l’embolie pulmonaire chez l’adulte, c’est le genre de diagnostic casse-gueule. Quand c’est typique comme dans les bouquins, OK, pas de problème, mais parfois, c’est carrément pas ça ! M’enfin, moi ce que je dis hein… Les experts savent eux…

Donc pour résumer un peu tout ça, il serait de bon ton que les médecins se mettent à vacciner les enfants de moins de 6 mois contre la GEA à rotavirus pour éviter le boxon la désorganisation du système de santé durant les épidémies. Et puis hep les gars ! Vous êtes des billes incapables de conseiller une bonne réhydratation pour une simple GEA, à l’hosto, ils savent bien prendre en charge les invaginations intestinales aiguës, alors allez-y vaccinez ! Yeap !

Bon admettons. Je suis en face d’une jeune maman, isolée, le mec s’est cassé pendant la grossesse sans laisser d’adresse, elle n’a pas de famille, n’a jamais travaillé, a donc droit au Revenu de Solidarité Active et diverses prestations sociales qui mises bout à bout font croire à certains qu’elle roule sur l’or cette profiteuse d’assistée… Coucou, c’est moi le docteur, ça serait bien de vacciner le petit contre la gastro, y a un vaccin, ouioui, ça coûte dans les 150 Euros, ouioui, et ça peut donner telle complication. Voilà, mais c’est vous qui choisissez hein, moi je vous recommande c’est tout…

Ah mince, c’était pas le bon exemple. C’était pourtant peut-être l’enfant qui en avait justement le plus besoin. (Il y aurait un lien entre les rares décès de nourrissons par déshydratation aiguë sur diarrhée et des conditions socio-économiques défavorables).

Alors on va prendre un joli couple d’amoureux goûtant au bonheur de devenir de jeunes et formidables parents. Lui est cadre au service comptabilité d’une société d’assurances, avec de jolies lunettes. Elle est enseignante avec un joli tailleur qu’elle a réussi à enfiler dès son retour de la maternité privée high tech où l’on s’est occupé d’elle aux petits oignons. Vraiment au hasard hein. Ils ne roulent pas en BM mais dans un joli 4x4 et ont acheté la Ferrari des poussettes pour leur bambin adoré. Coucou, c’est moi le docteur, ça serait bien de vacciner le petit contre la gastro…

Mince encore raté. Les bobos écolos qui roulent en 4x4 (?!!) n’aiment pas les vaccins, c’est pas une question de prix hein. Mais ils savent mieux que tout le monde qu’on nous ment sur les vaccins présentés comme utiles et peu dangereux, le grand complot international, ces vaccins qui en réalité inoculent les maladies, donc tous les autres, du balai !!!

Honnêtement, même avec des exemples moins caricaturaux, je suis prêt à mettre mes couilles à couper que l’obtention d’une bonne couverture vaccinale est loin d’être gagnée. Tu peux préparer ton cutter, même pas peur !

Enfin, encore une dernière réflexion, exagérée bien entendu, comme d’habitude. On dirait que la nature n’est pas la seule à avoir horreur du vide. L’année dernière, le calendrier vaccinal a été allégé et simplifié. Très bien. Un an plus tard, une nouvelle recommandation vaccinale tombe. Je n’irai pas jusqu’à penser qu’on a préparé le terrain voyons, loin de moi cette idée. Pur hasard de la chronologie, un phénomène bien connu en vaccinologie…

Les deux laboratoires qui ont subi l’allègement vaccinal sont les deux mêmes laboratoires qui commercialisent les deux vaccins nouvellement recommandés. Très bien. Encore un pur hasard. Loin de moi l’idée que lorsque tu les fais sortir par la porte, ils enjambent pour entrer par la fenêtre, voyons. Mais non mais non !

Pour être plus professionnel, j’aurais dû évoquer la balance bénéfices/risques de cette vaccination. Mais pour le moment, je crois qu’on peut raisonnablement s’en balancer.

Bref, malgré mon profond respect pour les experts, un grand merci pour leur avis, mais concernant celui-ci, pour me convaincre par-delà mon inculture et mon manque de rigueur scientifique dont je suis parfaitement conscient, il faudra repasser. Et au risque d’être mal compris, je ne veux pas déglinguer ici l’ensemble des vaccins. Je reste persuadé que la vaccination fut et reste une formidable avancée, parmi d’autres et sans pour autant lui attribuer la totalité du succès de la lutte contre certaines pathologies. J’avais d'ailleurs tenté d’en faire une illustration dans ce billet : Toubib or not toubib ? .

Et toi, contre la gastro, n’oublie pas de te laver les mains, et de bien hydrater ton gamin.


dimanche 16 février 2014

De la réactivité des ARS


Si l'image te semble floue, c'est fait exprès, on va tenter ici d'éclairer légèrement l'affaire.
 

L’ARS, c’est l’Agence Régionale de Santé. Elle est née en 2009 de la loi HPST (Hôpital-Patients-Santé-Territoires). Donc sa maman, c’est Roselyne Bachelot. Ouais je sais ça commence mal ce billet. Non mais déconne pas, elle a fait des trucs hyper méga top cool cette ancienne ministre de la santé comme euh... attends… réfléchissons. A plusieurs on devrait y arriver... Ah oui ! Les vaccinodromes, tu te souviens de cette effroyable épidémie de grippe qui avait un nom à la « touché-coulé » : H1 touché, N1, plouf, coulé. Ah elle en aura fait couler la s…acrée ministre. De l’encre, du fric, de tout, elle aura bien ouvert les vannes hein. C’est pour ça que je m’autorise à la vanner un peu. Rien de bien méchant hein. Donc en dehors de ce fait d’armes, Rosy nous a mis au monde 26 ARS bien dodues.

Quelle nostalgie, j'en ai la larme à l'œil...


Les ARS ont été créées :
 
«afin d’assurer un pilotage unifié de la santé en région, de mieux répondre aux besoins de la population et d’accroître l’efficacité du système»

Deux grandes missions leur sont confiées (ça va, deux, c'est pas beaucoup hein) :

1) Le pilotage de la politique de santé publique en région
 
2) La régulation de l’offre de santé


La mission number one, à savoir le pilotage de la politique de santé publique en région comprend trois champs d’intervention :


-la veille et la sécurité sanitaires, ainsi que l’observation de la santé.


-la définition, le financement et l’évaluation des actions de prévention et de promotion de la santé.

-l’anticipation, la préparation et la gestion des crises sanitaires, en liaison avec le préfet.

La deuxième mission visant la régulation de l’offre de santé porte sur les secteurs ambulatoire (médecine de ville), médico-social (aide et accompagnement des personnes âgées et handicapées) et hospitalier.

A ce sujet, il y a peu on a commencé à s’affoler à l’ARS d’Île-de-France car il se pourrait que la région soit désertée en toubibs dans un avenir proche. Quand tu sais que le directeur de cette ARS est Monsieur Claude Evin, ministre de la santé dans les années 90, c’est assez drôle non ? Ah non, ça ne te fait pas rire toi. Ben pourtant, Monsieur le ministre a de la réactivité… maintenant qu’il est dirlo d’ARS.

D’ailleurs, j’avais fait un petit tweet là-dessus du genre : 

« Voir l’ARS Paris craindre le manque futur de médecins alors que son actuel dirlo fut ministre de la santé dans les années 90… A votre santé »

J’espère que tu as remarqué la subtilité de la fin de ce tweet puisque Mr Evin a donné son nom à la célèbre loi de lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme. Sois un peu réactif toi aussi nom d’une pipe ! Et regarde également le titre du livre qu'il a écrit. Tu vois, je fais le bouffon, mais avec quelques références SVP !



Claude ne semble donc pas avoir confiance en sa grAANde copine Marisol, elle qui pourtant parade pour vanter la success story de son plan de lutte contre la désertification médicale. Alors qui croire ? Claude l'angoissé ou Marisol l'enjouée ?


Allez Cloclo déstresse, j'ai mon plan contre les déserts, ma stratégie nationale de santé, il ne te reste plus qu'à payer un bon apéro à ton ARS, tout va bien se passer tu vas voir.

Allez, revenons à nos chères ARS qui possèdent 5 grands champs d’action :
 

- Prévention et santé publique
- Veille et sécurité sanitaire
- Parcours et offre de soins
- Accompagnement médico-social
- Maîtrise des dépenses de santé

Je voudrais juste m’arrêter un instant pour préciser le premier champ d’action :


Prévention et santé publique


Le champ de la prévention recouvre aussi bien les actions collectives visant à protéger la santé des personnes par le développement d’un environnement physique et social favorable à la santé (dépistages de certaines maladies, préservation de la qualité de l’air et de l’eau…) que par la promotion des comportements individuels favorables à la santé (prévention de l’alcoolisme et du tabagisme, promotion de l’activité physique…). Le champ de la prévention s’adresse donc à l’ensemble de la population et s’exerce dans tous les lieux de vie des individus, au domicile, au travail, à l’école…

Ainsi, le rôle des ARS est-il de coordonner leur politique de prévention avec les acteurs institutionnels, les collectivités locales, le milieu associatif… afin de faire émerger un ensemble de mesures favorables à la santé des individus. Particulièrement centrale est la question des inégalités sociales et territoriales de santé qui sont fortement marquées en France et au sein de chaque région.

Bon, je sens que là j’ai laissé un paquet de monde au bord du chemin donc il va falloir que ce billet devienne un peu plus croquignolet. Pour les deux ou trois que ça passionne à donf ces histoires d’ARS, tout est ici : ARS

Pour les autres qui s'en tamponnent et prendront le risque de me croire sur parole, on peut grossièrement définir les ARS comme des sortes de préfectures de la santé. C'est un genre de déconcentration du ministère de la santé à l'échelon régional. (oui oui, j'ai bien dit "déconcentration", parce que la décentralisation c'est autre chose).

Alors, pourquoi parler de tout cela ? Pourquoi ce titre : « De la réactivité des ARS » ? Et pourquoi insister sur le champ « Prévention et santé publique » ?

En décembre dernier, peu avant Noël, il y a 2 mois jour pour jour, j’avais écrit un billet dans lequel je m’étonnais de certaines pratiques et certains messages divulgués au sujet du dépistage du cancer du sein. Voilà de quoi il s’agissait : Le mammobile 100 % utile dès 40 ans. Comme souvent, j’avais tenté de le faire avec une pointe de dérision et d’humour bien que le fond ne soit pas spécialement marrant. Tu peux lire ça .

Tu sais moi si j’étais rugbyman, je serais plutôt du genre à saisir le ballon, courir comme un dératé sans trop réfléchir, et le refiler juste avant de me faire plaquer pour qu’un petit copain aille tranquillement marquer l’essai pendant qu’un autre petit copain se prépare à le transformer. C’est un peu ce qui s’est passé au moment de Noël. La balle a été saisie par La Crabahuteuse, Rachel Campergue, Martine Bronner, Fuck my cancer. Mais prudence, fais gaffe à ce qu'elles racontent, d'abord elles ne sont pas médecins, et surtout ce sont des femmes... (Merci de ne pas sortir cette phrase de son contexte et de la prendre à tous les degrés que tu veux sauf au premier).

A défaut de marquer directement l'essai, il y a eu mêlée. On a poussé, poussé, poussé. Et pis rien.

Deux mois après, toujours rien.

Pourtant, au début, j’ai cru que c’était bon lorsque La Crabahuteuse a interpellé l’Institut National du Cancer (INCa) et qu’il a répondu ici. La réponse de l'Institut plaidait semble-t-il en notre faveur, mais il décidait de refourguer le bébé à l’ARS concernée démontrant ainsi une certaine INCapacité... Bon, normal maintenant que je t’ai brièvement expliqué ce qu’est une ARS, ça semble logique que l'INCa interpelle l'ARS. Sauf que depuis, silence radio, plus rien, nada, nothing !

L’ARS semble peu concernée par le fait :

- que l’on propose un dépistage du cancer du sein sur son territoire à des femmes de moins de 50 ans en dehors de toute recommandation. (Et ne parlons pas tout de suite de ce genre d'étude parue dans le BMJ, n'allons pas trop vite...)

- que des messages de santé publique faux ou mensongers soient divulgués par le mammobile sur les routes d’un département français pour se rendre dans les communes dont les maires pensant bien faire, se font en fait tromper sur une partie de la marchandise.
 

- que ces mêmes messages apparaissent sur le net.

 

 

Alors pourquoi cette absence de réponse ? Pourquoi ce manque de réactivité ?

Quels peuvent être les arguments de l’ARS ?

S’ils sont scientifiquement et éthiquement recevables (on parle tout de même ici d'expérimentation pour les 40-49 ans...), alors OK, la partie est finie. Mais s’il s’agit d’une pseudo confraternité pour laisser faire un petit business au détriment de l’intérêt des patientes, alors non, je m’indigne !

Car que faire d'autre ? Frapper à la porte du big boss des ARS ? C'est pas gagné mon pote. Tu sais qui c'est ? Ben en gros, le vrai big boss, c'est un peu l'hôte de l’Élysée.

Si tu veux pécho de la gonz, voilà la recette !


Alors déjà qu'une simple ARS ne répond pas, on peut toujours se brosser.



Et pis quand je le vois lancer un nouveau plan cancer sans avoir vraiment évaluer les pratiques actuelles dans le domaine, notamment de tout ce qui peut poser question en terme de dépistage comme de thérapie, ni faire le ménage dans ce qui ne pose même plus question, je me dis que c'est pas gagné et que surtout c'est bien dommage...



Et pis quand dans ce plan, je le vois parier sur le vaccin contre le cancer du col de l'utérus, je me dis que c'est étrange... Les vieux fantômes rôderaient-ils encore autour du palais de l'Élysée ou du ministère de la santé ? Tout du moins leurs pratiques ?
 
 
Les yeux dans les yeux, je pose juste la question...
 

Car moi, membre du petit peuple, je ne peux rien faire d'autre que poser des questions et m'indigner lorsque j'ai le sentiment que ça en vaut la peine pour les miens.

Quoique, très honnêtement, à voir ça, et tout le reste, on doit beaucoup mieux vivre ainsi :


 
 
 







mercredi 12 février 2014

Entre deux (suite et fin)

Je t'arrête tout de suite !

Si tu veux tirer un minimum de bénéfices de ce billet, il faut en lire la première partie.

Donc pour connaître le début de l'histoire, c'est ici : Entre deux






Le type là-haut entre les deux camions est un grand philosophe belge. Ben oui, comme je ne comprends pas ce qu'il dit, il ne peut qu'être philosophe. Tu l'as reconnu ?
C'est Jean-Claude Van Damme en fait. Je sais, on s'en fout, c'est juste pour faire durer le suspens quelques secondes supplémentaires. Toi tu veux savoir ce qu'a le monsieur avec son genou. Je sais. Mais ne t'inquiète pas pour lui, il est sur la table d'opération entre les bonnes mains du chir.

La vache, on a eu chaud hein !
 
Mais comme j'ai encore un peu de temps, j'en profite pour remercier Doc Cleo  qui s'est lancée la première ainsi que Le bruit des sabots  qui en quelques lignes seulement a montré toute l'étendue de son talent et sa grande maturité. Sans oublier cette formidable suite Chez Sarah, une suite que je n'attendais absolument pas et dans laquelle j'ai cru reconnaître des clins d'œil à des toubibs comme Fluorette ou encore Borée.
 
Je vais remercier aussi... Non, je déconne, allez, c'est bon là.
 
Voici donc la fin :


Le monsieur qui passait comme ça entre deux pour sa douleur de genou, une douleur diffuse, avec un examen ostéo-articulaire peu contributif, a donc subi lui aussi des papouilles du genou comme ça, en passant, pendant qu’on y est hein, ça prend pas tant de temps que ça. Et ben v’là ti pas que c’est en papouillant que la douleur du genou non urgente qui passerait avec une simple pommade prescrite sur un coin de table allait finalement se transformer en une forte suspicion de diagnostic à ne pas laisser filer comme ça dans la nature.
 
Car en palpant, je glisse mes doigts derrière le genou, dans ce qu’on appelle le creux poplité, et je tombe sur une masse. Une masse dont les caractéristiques palpatoires, au risque d’être pris pour un fou par le patient, me font saisir mon stéthoscope. Je pose le pavillon dans le creux poplité, et pour la première fois de ma vie, j’ausculte un genou. Car il y a bel et bien une masse battante et pulsatile dans ce creux poplité, avec un souffle à l’auscultation. Le patient sera rapidement exploré par un angiologue puis opéré d’un anévrisme fissuré de l’artère poplitée, une pathologie pouvant tout bonnement se terminer parfois par une amputation.

 
« Allez doc, ça ne sera pas long, marquez-moi juste une pommade pour mon genou, je passerai entre deux… »
 

Donc un grand bravo au Dr Tiben de la polyclinique "2 garcons,1 fille : 3 sensibilités" pour sa réponse. Mon cher confrère, je m'incline.

Moralité, les MG "distribuent des bons", mais avant cela, ils débroussaillent un tout petit peu le terrain.

J'aurais également pu conclure par la formule : "de la médecine générale, seulement de la médecine générale" mais je craignais que son auteur me tombe dessus et me demande des droits d'auteur ;-)

Voilà, j'espère que ce billet t'aura un peu servi à quelque chose.



Creux poplité avec l'artère saine à gauche, un anévrisme à droite.

mardi 4 février 2014

Entre deux

 

3, 2, 1, GO !

« Écoute ma jolie, t’es mignonne mais non.

Non, non et non ! C’est pas urgent ça OK. »

T’as vu ça le mec, il est ferme et sûr de lui hein. Ah y en a dans l’calbute !

Non mais en fait, je n’ai jamais dit ça à la secrétaire ce jour-là. Peut-être que je l’ai pensé, et encore. Même si j’avoue que quand elle a voulu m’en ajouter un entre deux alors que la journée était pleine à craquer, ça a dû beaucoup me chauffer les oreilles. Je me suis vu en train de taper du poing sur mes pectoraux gonflés à bloc pour montrer qui est le maître ici, et pis… et pis, en fait non, c’est pas mon style. C’est pourtant pas l’envie qui m’en manque quand j’entends :

« Allez, Doc, je peux passer entre deux, y en n’a pas pour longtemps, c’est juste pour un papier, ou juste pour me marquer une pommade pour mon genou. »

C’est ça ouais, c’est ça… Juste une pommade pour ton genou. Du g’nou !

Voilà donc l’histoire d’un mec d’environ 70 ans qui passe au cabinet, comme ça, un beau matin, histoire de demander une pommade pour son mal de genou à la secrétaire qui elle-même demandera au doc entre deux consultations. Le problème c’est qu’elle sait que le doc est très chiant avec ça et qu’il a horreur de ça, de faire un truc à la va-vite entre deux sur un coin de table. Pas un truc avec la secrétaire hein petit cochon, les mecs, vraiment tous les mêmes ! On parle ici de prescriptions, d’ordonnances sans examiner le patient, de médecine-drive.fr etc…

Du haut de ma grande fermeté associée à une assurance sans faille, voilà donc que le type se retrouve allongé sur la table d’examen, entre deux… Examiner un genou, c’est vite fait, ça prend moins de temps que de parlementer sur le fait que je refuse de prescrire sans examiner, qu’il faut prendre rendez-vous, que ça me fait chier que tu penses que c’est pour le fric, une consultation de plus in the pocket, alors que c’est pour ton bien, et que vraiment si je pensais au fric, je t’aurais fait ton ordonnance sans t’examiner mais en te demandant tout de même 23 Euros. Tu vois, vraiment, autant t’examiner que parlementer pour rien puisque personne ne comprend rien à ça, surtout pas les grands cravatés qui tiennent le système entre leurs griffes… Mais revenons à notre modeste niveau où je suis sûr que la secrétaire rigole  derrière son bureau : « tu t’es fait avoir, hihihi, tu t’es fait avoir, comme d’hab hihihi, tu fais le gros dur, mais t’es un grand faible hihihi ». Un jour je saurai vraiment faire le gorille, tu verras, tu rigoleras moins.

Donc douleur pas très précise évoluant depuis 2 ou 3 jours, pas de quoi hurler à la mort mais quand même une douleur qui fait mal (paroles de patient). Pas de notion de traumatisme, pas de signe inflammatoire, les ligaments ça a l’air d’aller, la rotule est en place là bien devant comme y faut, pas d’œdème, et nanani et nanana, voilà quoi, rien de bien urgent. Il avait raison de réclamer sa pommade à la noix. Oh pis comme il a l’air d’avoir assez mal, on pourrait lui coller un bon petit cocktail Vioxx-Di-Antalvic… (à cette époque-là, c’était méga top ça, on ne savait disait pas encore officiellement que c’était rentable pour la sécu : ben oui, des médocs qui tuent, c’est rentable non…). Bref.

Bon c’est pas le tout, mais il va falloir lui sortir un diagnostic du chapeau. Tiens écoute ça, c’est très probablement une gonarthrose. Ta gonalgie est due à une gonarthrose. La première fois que j’ai entendu le mot gonalgie, je croyais qu’on parlait de douleur de gonades, de mal aux couilles quoi si tu préfères. Eh ben non, not at all. Ouais t’as raison, en français c’est déjà pas folichon, donc ne compliquons pas les choses avec un very bad anglais.

Donc là, on est entre deux consultations, face à une douleur de genou, euh non, à un monsieur qui a mal au genou (la nuance est importante...). Un Monsieur dans les 70 ans, traité pour HTA (la tension), ancien vigneron donnant parfois la main à son fils qui a repris l’exploitation des vignes. On n’a pas encore terminé l’examen clinique, à peine commencé à évoquer une hypothèse diagnostique, que je sens déjà qu’il va me demander une radio, voire l’IRM. Ouh que je le sens ! Hep là doucement hein ! On n’est pas à l’hosto là hein ! Roh je sais, c’est pas terrible de dire ça sur l’hosto mais quand même, à l’hosto, dans mon « jeune temps » on dégainait vite l’examen complémentaire et les avis ceci, les avis cela. Je me souviens qu’on faisait des Bons. C’était génial les Bons !

Exemple :

Tu es dans le service d’orthopédie, vraiment au hasard hein… et un type hospitalisé pour une fracture de cheville a mal au cœur. Pas de bol, ici c’est le service pour les os cassés. Tout le monde sait que 2 orthopédistes devant un ECG est une étude en double aveugle. Celle-là tu peux me la raconter 10 fois, les 10 fois je rigole. C’est comme « Les bronzés font du ski », la scène où Jugnot s’étouffe en buvant la gnôle dans le refuge, 100 fois je la vois cette scène, 100 fois je rigole. C’est con hein je sais. (Oui tu vois, un toubib ça ne va pas forcément à l’opéra ou au théâtre, ça regarde aussi « Les Bronzés »).

Donc en orthopédie, un patient a mal au cœur, tu fais faire un ECG à l’externe histoire de, puis tu fais un Bon Cardio. Bon, comme le cœur ça peut être grave, tu appelles aussi en cardio pour pas que le cardio vienne 2 jours après : « Ouais, le cardio ? Ici c’est le service d’ortho, on a fait un Bon pour une douleur thoracique, l’externe a fait un ECG, bon écoute, le chef préférerait que tu y jettes un œil. Urgent ? Ben c’est toi qui vois, c’est toi le cardio hein… (c’est bien de dire ça, comme ça on ne pourra rien te reprocher en cas de pépin, en langage populaire ça s’appelle refiler la patate chaude). OK à tout de suite alors ».

Le cardiologue L'interne de 1er semestre de cardio passe, te dit que le cœur ça va, mais qu'il prescrit une prise de sang pour éliminer formellement un problème cardiaque même si à son avis c'est très certainement d'origine gastrique. Il écrit ses conclusions sur le Bon Cardio.

Alors tu relis les conclusions sur le Bon Cardio puis tu rédiges aussitôt un Bon Gastro. Pas con, quand un type dit qu’il a mal au cœur, des fois, il veut dire qu’il a envie de vomir en fait, ou qu’il a des lourdeurs d’estomac. Donc vraiment pas con le Bon Gastro.

Donc l’interne de 1er semestre de gastro passe, et te dit que ça ne semble pas être gastrique mais qu’on ne sait jamais. Il va quand même en toucher un mot à son chef des fois qu’il faille faire une fibroscopie au cas où… J’imagine que certains se disent là que ça risque de coûter cher ces conneries. Mais non, un interne ne coûte pas cher… et il faut bien se former… et la santé n’a pas de prix voyons… L’interne de gastro à peine parti après avoir écrit ses conclusions sur le Bon Gastro, pendant que tu commences à lire le Bon, t’as une gentille infirmière qui passe et qui a pris le temps de discuter quelques minutes avec « la douleur thoracique de la 112 », euh non… le Monsieur de la chambre 112 qui a mal au cœur (on a déjà dit que la nuance est importante, mais parfois faut répéter…). Il faut toujours écouter les autres soignants, toujours. Tu en apprends parfois autant sinon plus qu’avec certains doc… La gentille infirmière t’apprend donc que le patient lui a confié avoir des problèmes de couple en ce moment. Bingo ! Mal au cœur = peine de cœur = cœur brisé. On a éliminé le problème cardio, le problème gastro, on va quand même faire un Bon Pneumo histoire de se barricader à mort (oui, même si le diagnostic hilarant de pneumonie frontale a récemment fait la une de quasiment tous les médias, les poumons se situent encore dans la cage thoracique).

Mais sautons avec ardeur sur le Bon Psy.

La psy passe. Psychologue ? Psychiatre ? Psychothérapeute ? Psychotrucmuche ? J’en sais rien, la psy quoi, celle qui s’occupe des boyaux de la tête !

Le Monsieur de la 112 n’est pas très content. Ah merde, on ne lui avait pas demandé son avis et n’a pas bien compris ce que venait faire la psy. Il lui a tout de même parlé un peu, mais ne souhaite pas la revoir et la psy n’a pas mis de compte-rendu sur le Bon. Rah les psys ! Bon, c’pas trop grave parce que les psys utilisent toujours des mots que tu ne comprends pas et qu’existent même pas dans ton dico, alors tu passes encore pour un con.

Bref, tu as fait le tour de la question, tu as fait le job, tout est cadenassé. Et si le type a encore mal et que tu veux être vraiment hyper-rigoureux, il te reste encore le Bon Dieu… Hinhin !

Voilà donc l’histoire très caricaturée pour rigoler un peu des Bons à l’hôpital. D’ailleurs, ça vient peut-être un peu de là cette réforme du médecin traitant qui faisait très légèrement passer le généraliste pour un distributeur de Bons pour aller chez les spécialistes, va savoir. Mais en vrai c’est pas ça. Dans un cabinet, tu peux faire des trucs bien mieux que ça. Revenons à notre cas, M’sieur du g’nou. On croyait s’en débarrasser après avoir éliminé une urgence, on pensait commencer à argumenter le non-intérêt de faire une imagerie pour le moment, réfléchir à prescrire un antalgique efficace qui ne le tue pas, etc… Mais c’était sans compter l’étape des papouilles en même temps qu’on discutaillait le bout de gras.

Les papouilles ! J’adore papouiller, je suis un vrai papouillologue. Les mauvais esprits y verront encore une allusion. Ouais vous les toubibs, vous en profitez bien, vous vous rincez bien l’œil et palpez tranquille Mimile les belles minettes 25-35 ans, blondes, aux lèvres pulpeuses, à gros s…. STOP ! N’importe quoi ! C’est pas ça du tout. Moi j’adore papouiller les petits, les vieux, les grands, les noirs etc… Bon les crasseux, j’avoue j’aime un peu moins (beaucoup moins en fait mais je n’ose pas le dire). Papouiller les pieds d’un vieux diabétique à la recherche des pouls (oui pas poux hein) pédieux pour s’assurer que le sang arrive bien tout partout comme y faut. Papouiller l’abdomen d’un nourrisson. Tiens, ça c’est drôle comme très tôt, rien qu’en papouillant un bébé tu as déjà des chatouilleux qui se tordent de rire et qui t‘entraînent dans leurs éclats pendant que d’autres hurlent comme si tu les égorgeais. Et pis y a les entre deux, les indifférents aux papouilles.

Le monsieur qui passait comme ça entre deux pour sa douleur de genou, une douleur diffuse, avec un examen ostéo-articulaire peu contributif, a donc subi lui aussi des papouilles du genou comme ça, en passant, pendant qu’on y est hein, ça prend pas tant de temps que ça. Et ben v’là ti pas que c’est en papouillant que la douleur du genou non urgente qui passerait avec une simple pommade prescrite sur un coin de table allait finalement se transformer en une forte suspicion de diagnostic à ne pas laisser filer comme ça dans la nature. Car en palpant, je g…

Roh pis nan tiens. Je n’ai pas envie de te dévoiler tout de suite la fin de cette histoire (vraie hein).

Tu es seul dans ton cabinet de généraliste, avec tes yeux, ta bouche, tes doigts et tes oreilles. Tu as quelques outils pour t’aider, otoscope, stéthoscope etc… La salle d’attente est pleine. Tu as pris du temps pour rassurer une maman par téléphone inquiète de la rhinopharyngite de son fiston de 2 ans pétant le feu mais que la crèche rechigne à prendre car il tousse encore un peu… Tu imagines que ton prochain rendez-vous attend furieusement et qu’il va te fusiller du regard. Tu devais le prendre à 10 h, il est 10 h30… Il a appelé la veille pour être reçu en urgence pour un mal de gorge de cheval avec début d’extinction de voix. Lorsqu’un rendez-vous pour le lendemain matin lui a été proposé, il a vociféré « Mais où va la France ! On peut crever la bouche ouverte, personne n’en a plus rien à foutre ! ». Oui c’était juste le début de l’extinction de voix, sinon, il aurait gueulé beaucoup plus fort en fait… Tu ne le sais pas encore, mais lorsque tu auras réglé la situation de M’sieur du g’nou, que tu iras chercher ce patient furieux, tu comprendras qu’il t’a posé un beau lapin : « na ! bien fait ! Ah tu voulais pas me prendre en urgence, alors voilà, vengeance ! » (Ben quoi ? Rien de plus normal, dans la vraie vie, y a pas que des patients gentils hein).

Donc maintenant, à toi de prendre les commandes et de proposer la suite de cette histoire si ça te dit, ici ou sur twitter. A moins que tu préfères y réfléchir seul dans ton coin, c’est comme tu veux, ici je propose, tu disposes, rien de plus. Pas de dominant ni de dominé, juste des petites causeries. Par contre, je te préviens, il n’y a rien à gagner, mais rien à perdre non plus. Ma suite est déjà écrite, bien évidemment, mais je te la dévoilerai plus tard. Peut-être pas le jour de la Saint-Valentin, tu auras d’autres chats à fouetter. Un peu avant, ou un peu après, je ne sais pas encore.