Cinq
ans déjà.
Cela
fait cinq ans qu'était régulièrement dénoncée en ces murs
l'invitation faite aux femmes sans antécédent à réaliser une
mammographie de dépistage dès l'âge de quarante ans en dehors de
toute recommandation scientifique.
Oui,
dilatez- vous les pupilles, remontez vos lunettes sur vos tarins,
vous avez bel et bien lu : « EN DEHORS DE TOUTE
RECOMMANDATION SCIENTIFIQUE ».
Nom
d'un chien !
Pour
certains, la première salve d'alerte comparait maladroitement le
mammobile à la papamobile. Pourtant, la métaphore était calculée
au millimètre puisque nous sentions bien là toutes les effluves
d'une médecine de paroisse, une spécificité locale, une
expérimentation vouée à prendre son temps. Le temps étant de
l'argent, gagner du temps, c'est gagner de l'argent, tout simplement.
L'
Agence Régionale de Santé fut informée, l'Institut National du
Cancer (bien connu de l'actuelle ministre de la santé) fut alerté.
Puis...
Rien.
Nada. Que tchi.
Depuis,
des mammobiles sont passés sous les ponts.
Des
nanas ont laissé leurs seins sous les rayons.
Des
piqûres de rappel ont été projetées dans la toile sous une forme et sous une autre.
Silence.
Silence silencieux. Très silencieux.
Notre
société est ainsi. Il est tellement plus important de savoir que
telle star du web s'est fait bouillir des nouilles, que telle autre
starlette à la nouille a mis ses chaussettes à l'envers, photos à
l'appui partagées instantanément sur tous les réseaux sociaux
possibles.
Je
me suis souvent posé la question du rôle de l'Ordre des médecins
sur ce sujet.
L'Ordre
est avant tout là pour le respect de la déontologie, pas pour des
questions scientifiques. On l'a cependant entendu applaudir de ses
plus fermes paluches l'extension de l'obligation vaccinale. On l'a
aussi vu s'émouvoir sur les Brutes en blanc de Martin Winckler
dénonçant certaines pratiques médicales.
Mais.
Mais
pas le moindre mouvement de sourcil quant à cette pratique du
dépistage organisé du cancer du sein dès quarante ans alors qu'il
s'agit d'un âge où les risques de sur-diagnostic et de
sur-traitement sont plus importants que les bénéfices.
Ne
peut-on pas considérer là qu'il est question d'information déloyale
et trompeuse sur cette tranche de la population, donc de
déontologie ?
Ce
qui est certain, c'est qu'enfin, après cinq ans, malgré la timidité
de l'Agence Régionale de Santé et de l'Institut National du Cancer,
malgré le silence de l'Ordre médical, alors que pas plus tard qu'en
fin d'année dernière encore les femmes de quarante ans recevaient à
leur domicile l'invitation à ce dépistage, désormais, le message
est rétabli. Le mammobile se déplace toujours de villes en villes
avec le chiffre cinq masquant le chiffre quatre. Enfin, la brebis
égarée est rentrée dans le rang de la bergerie.
On
ne connaîtra pas l'origine de ce basculement. Mais quelques noms me
viennent en tête car je pense qu'ils ont largement contribué à ce
petit pas.
Je
pense à :
Aux
membres de Cancer rose avec une mention spéciale à la fougueuse
radiologue
Mais
j'en oublie d'autres.
Cinq
ans. Cinq ans déjà. Mais cinq ans c'est tellement long pour ce petit
pas.
Un
petit pas pour le dépistologue, un grand pas pour ?
La
vie n'est pas toujours rose, donc quand certains veulent la rendre
rose au mois d'octobre, petit conseil : faites un petit pas de
côté. Le débat de ce dépistage dès quarante ans semble clos,
reste désormais à réaliser quelques pas sur celui à partir de
cinquante ans ?
Cher Sylvain
RépondreSupprimerC'est bien de rappeler l'histoire de cette mammamobile qui poursuit son chemin avec un chiffre de 50 masquant l'ignominie du 40.
Mais l'avenir est sombre.
Cet avenir s'appelle MyPeBS.
Une étude innovante, nous disent ses promoteurs.
Mais qu'en est-il vraiment?
Un début de réponse :
https://www.cancer-rose.fr/etude-mypebs-2/
http://www.mypebs-en-questions.fr/index.php
Cancer-Rose est, n'en doutons pas, sur le "coup".