Je
sais : rien ne va plus à l’hôpital, les services des
urgences sont en crise, la médecine générale est désertée.
Mais
je vous rassure, né en 1945 par ordonnance non pas médicale mais
ministérielle, un maillon mal connu, peu reconnu de la chaîne de
notre système de santé frise la rupture
si rien
n’est fait pour le sauver dans un délai raisonnable.
Médecine
préventive à vocation universelle ciblée sur la planification
familiale, le suivi des grossesses ainsi que des enfants jusqu’à l’âge de six ans, la mal nommée Protection Maternelle et
Infantile est tout autant malmenée que la médecine hospitalière ou
la médecine générale sinon plus.
Mal
nommée car
si à
l’origine au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale sa vocation
était de lutter, protéger contre la mortalité infantile, le
contexte actuel est bien différent et le mot « Protection »
porte à confusion avec la protection de l’enfance. Sa substitution
par « Prévention Maternelle et Infantile » ou
« Promotion Maternelle et Infantile » serait une première
étape symbolique pour modifier le regard des citoyens comme des
professionnels sur un service public pour tout public.
Portée
par les Conseils Départementaux (ex Conseils Généraux), elle
souffre d’une forte hétérogénéité sur le territoire, dépendant
essentiellement du budget que les élus peuvent ou parfois veulent
lui allouer mais aussi des priorités et des visions politiques de
chaque assemblée départementale. A la décharge des élus
départementaux, l’Etat comme l’Assurance Maladie ne se sont pas
bousculés pour leur venir en aide.
Petit
aperçu d’une PMI en crise:
-en
vingt ans, le nombre d’enfants vus en consultation en PMI a diminué
quasiment de moitié passant de 900 000 à 550 000. Vu
l’état de la démographie des pédiatres libéraux et des médecins
généralistes sur le même laps de temps, il y a peu de place pour
un effet de vases communicants.
-le
budget général de la PMI a diminué de 4 % entre 2013 et 2017.
-de
nombreux postes de médecins sont vacants alors même que deux tiers des
médecins de PMI en poste atteindront l’âge de la retraite d’ici
2020.
Il
paraît pourtant que la prévention serait un axe prioritaire de la
Stratégie Nationale de Santé et bénéfique tant pour la population
que pour les finances publiques.
L’heure
n’est plus à tirer la sonnette d’alarme mais à pratiquer le
massage cardiaque.
Dans cet objectif, un rapport intitulé « Pour
sauver la PMI, agissons maintenant ! » (en lien ici) a
été présenté par la députée Michèle Peyron. Il contient
plusieurs propositions ainsi que le budget nécessaire pour les mettre en oeuvre :
100 millions d’Euros, une somme homéopathique.
Hasard
du calendrier d’une fin de mois de juin caniculaire où les millions
d’Euros se télescopent, la Commission de la transparence de la
Haute Autorité de Santé a voté ce 26 juin le déremboursement
de l’homéopathie pour cause d’efficacité non prouvée. Si la
ministre de la santé actait cet avis, ce serait possiblement 126
millions d’Euros d’économie. Imaginons les économies
potentielles si dans le domaine médical tout ce qui n’a pas fait
la preuve de son efficacité voire mieux, si tout ce qui a fait la
preuve de son inefficacité était déremboursé.
Pour
le moment nous en sommes là, plutôt Madame Agnès Buzyn, Ministre
des Solidarités et de la Santé en est là avec d’un côté un
rapport pour sauver la PMI à 100 millions d’Euros par an, de
l’autre un avis de la HAS sur un déremboursement avec à la clé une économie
évaluée à 126 millions d'Euros par an.
Et si on faisait se communiquer les vases.
Et si l'homéopathie finissait par sauver la peau de la PMI, quel beau tour d'honneur.
Et si l'homéopathie finissait par sauver la peau de la PMI, quel beau tour d'honneur.
Mais si
Avis et Rapport finissent leur vie comme tant d’autres au fond d’un
tiroir ministériel…
Avec des si.