Une
petite séance de dissection de ce qui s’est passé récemment au
sujet de la vaccination HPV est me semble-t-il très informative sur
les procédés utilisés dans notre pays pour éviter tout débat
clair et serein dans le champ sanitaire d’une façon générale.
Je
rappelle au passage que l’article 35 du code de déontologie
médicale stipule :
« Le
médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il
conseille une information loyale, claire et appropriée sur son état,
les investigations et les soins qu’il lui propose. »
A
mes yeux la problématique posée par la vaccination contre le HPV
est la suivante :
« La
Commission de la transparence rappelle qu’en l’état actuel du
dossier, les résultats suivants ne sont pas établis :
-
efficacité en termes de prévention des cancers du col (bien que des
données complémentaires aient été apportées concernant
spécifiquement les lésions précancéreuses CIN 3 et AIS,
précurseurs immédiats du cancer du col),
-
durée de la protection croisée n’est pas connue au-delà de 3,6
ans,
-
immunogénicité dans les populations d’immunodéprimés (étude en
cours),
-
évaluation d’une modification éventuelle de l’écologie virale
liée à l’introduction de la vaccination. »
Il
s’agit là de textes tirés de la Commission de la transparence de
la Haute Autorité de Santé (1), qui elle-même se base en général
sur les rapports du Haut Conseil de la Santé Publique, qui lui-même
se base sur l’avis du Comité Technique des Vaccinations (tu
le sens le millefeuille…).
Il
me semble donc que nous sommes assez éloignés de ce genre de
références :
Genre
d’ouvrages et de pensées que je ne cautionne absolument pas mais
avec lesquels certains souhaitent faire l’amalgame dès qu’on
émet la moindre contradiction. C'est d'ailleurs à mon humble avis
justement grâce à une rigueur scientifique sans faille et le moins
de zones d'ombre possible que l'on peut espérer lutter efficacement contre ce
ramassis de conneries.
Les
instances officielles semblent donc claires, et comme je l’ai déjà
écrit ici : De la réactivité des ARS ou encore là : Coupons des têtes !, je répète que je suis étonné, en dehors de tout parti pris
politique, de voir le Président de la République parier sur cette
vaccination dans le nouveau plan cancer.
S’étonner,
douter, émettre des réserves ne signifie pas forcément être
contre, encore moins mentir.
Voici
encore une ou deux phrases tirées de l’avis (2) du HCSP sur la
question :
« L’efficacité
du vaccin Gardasil® sur le cancer invasif du col de l’utérus ne
peut pas actuellement être démontrée puisqu’il existe un délai
moyen d’au moins 15 ans entre l’infection HPV et la survenue d’un
cancer. En revanche, l’efficacité des vaccins contre les
papillomavirus humains peut être évaluée de manière indirecte par
la prévention des lésions cervicales de haut grade (CIN2/3) qui
font suite à l’infection (si le virus n’est pas éliminé) et
précèdent le stade de cancer invasif. »
« De
nombreuses études randomisées contrôlées ont été mises en place
par
la firme
en vue de l’autorisation de mise sur le marché.» (ce qui
est important à remarquer est en gras et souligné par mes soins).
A la lecture de ces phrases, il me semble que dire aux patientes qu'il s'agit de la vaccination contre le cancer du col n'est pas une information loyale et claire. Elle le deviendra peut-être, mais à ce jour, elle ne l'est pas. Ensuite, les études prises en références par le HCSP ont été mises en place par la firme. Je n'en conclus rien, mais c'est intéressant et important à savoir... C'est tout.
Je pense que le
doute est donc permis et difficilement sanctionnable...
Pourtant,
lorsqu’un médecin exprime des doutes et des critiques contre un ardent défenseur de cette vaccination comme ce fut
le cas ici sur le blog d'Hippocrate et Pindare, le rouleau compresseur
se met en marche. Le médecin se fait rapidement étriller par la rédactrice en
chef d’un site dit « spécialisé » au nom incroyablement pompeux de Journal International de la Médecine. Ouais, carrément ! Il
suffit pourtant de gratter un peu et de lire la réponse du berger à la
bergère : Qui désinforme vraiment ? pour
s'apercevoir que le sérieux et la rigueur de ce site sont
discutables. Malgré sa renommée apparemment et ouvrons bien les guillemets "internationale", je ne connaissais pas ce site qui comme d’autres
possède à mes yeux deux intérêts majeurs. Le premier est de permettre d’observer les
rouages de la promotion des produits de l’industrie
pharmaceutique, ce genre de sites étant bien souvent à la botte des laboratoires même si leurs membres affirment la main sur le cœur être complètement indépendants, choses qu'ils pensent sans doute, je ne remets pas en cause leur sincérité.
Mais
le second intérêt est finalement bien plus important pour chacun d'entre nous. Il est à découvrir ci-dessous en image :
(le
JIM n’étant publié qu’en version numérique, il suffit d’en
imprimer une ou deux pages selon l'importance de la commission quotidienne et ça devrait faire l’affaire. Pensons à la planète.)
J'ai apparemment plus ou moins utilisé les mêmes références que lui pour écrire ce billet, mais nous n’en avons pas sorti les mêmes phrases. Le résultat final est donc différent. Le fond comme la forme de son billet m’ont noyé d’informations plutôt indigestes et me laissent le goût d’une certaine précipitation. Je reconnais avoir l’impression que monsieur le Professeur jette toutes ses armes pour sauver le soldat Gardasil très légèrement non pas mis à mal mais mis en doute au plus grand désarroi du Général Sanofi-Pasteur-MSD. Cela est relativement intéressant quand on sait que c’est ce genre de leader d’opinion qui va user ses fonds de culotte sur les fauteuils cossus du ministère de la santé pour souffler de bons conseils aux oreilles des ministres qui s’y succèdent.
En toute confraternité, même si je sais qu’il n’est pas toujours aisé de décrocher d'un métier exercé consciencieusement et avec passion, à plus de 68 ans, n’est-il pas temps pour lui de profiter d’une belle et douce retraite ? Et d’aller par exemple s’exercer à la pétanque ? Les boules, j'imagine qu'un professeur d'urologie, ça doit toucher. Tiens, je suis prêt à l’y inviter pour une jolie partie à l’ombre des platanes de la place de mon village peuchère ! A condition qu’il soit bon joueur et ne me soupçonne pas sans cesse de « turqueries malsaines » au cas où je venais à gagner la partie.
Pour résumer une fois de plus et avec plus de sérieux l’histoire du Gardasil, il ne s’agit pas d’être aveuglément pour, ni obstinément contre, il s’agit simplement d’obtenir plus de clarté pour à mon sens pouvoir respecter l’article 35 du code de déontologie médicale sus-cité. Pas de quoi en faire tout un fromage si ?
Quant aux procédés utilisés par le camp des promoteurs effrénés, il n’y a rien de très innovant. Un médecin charismatique largement médiatisé donne son avis musclé du haut de la pyramide. Quelques porte-voix peu talentueux aux compétences à vérifier relaient la parole en profitant au passage pour décrédibiliser la partie adverse qualifiée d’anti-progrès, laissant insidieusement planer le doute sur des mouvances limite sectaires. Et en voiture Simone, le tour est joué. Il suffit d’aller disséquer dans les confins de l’histoire comme dans certains événements plus récents pour vérifier que le procédé ne fait que se répéter de façon certes moins barbare de nos jours. Je parle ici seulement des procédés et ne veux surtout pas sous-entendre que l’affaire du Gardasil si affaire il y a se terminera de la même façon. Mais un lointain parallèle avec des faits passés me semble intéressant et les plus curieux pourront aller les disséquer :
-Fort heureusement, il n’est par exemple plus possible de nos jours de condamner au bûcher des médecins accusés de sorcellerie comme ce fut le cas sous l’Inquisition, alors que ceux-ci ne cherchaient qu’à comprendre et à expliquer.
-Les hypothèses de Semmelweis sur l’origine de la fièvre puerpérale rencontrèrent les plus vives critiques et hostilités de la communauté médicale, il aurait probablement lui aussi eu droit à la condamnation au bûcher sous l’Inquisition.
-Le lynchage et les attaques subis par Irène Frachon lors de la mise en lumière des effets du Médiator est un exemple parlant et récent à méditer.
-Même s’il profère régulièrement des propos peu élogieux sur ses confrères généralistes, rappelons-nous de l’alerte du Dr Patrick Pelloux lors de la canicule de 2003, et la légèreté du GRAAAND PROFESSOR DE PEDIÂÂÂTRIE MATTEI, alors ministre de la santé à l’époque où l’on pensait encore qu’un ministre de la santé était utile… Il ne s’agit pas ici de disséquer un procédé mais plutôt de rappeler que même un professeur de médecine aux fonctions honorables et au CV intimidant peut parfois se révéler un peu light au point de faire pschitt !