Crépuscule
2016 - Veilles de Noël.
Dix
jours - Pas de mot.
Ne
pas réagir à chaud - Respecter l’insoutenable douleur.
On
ne sauvera pas le monde mais ?
Ça
on savait.
On
savait depuis au moins une dizaine d’années que l’administration
orale de vitamine D chez le nourrisson sous la forme d’Uvestérol
en pipette pouvait provoquer des malaises.
Qui
savait ?
Le
laboratoire Crinex père de l’Uvestérol savait puisqu’il a tenté
de revoir sa copie pour améliorer le dispositif d’administration.
L’Agence
française du médicament savait puisqu’elle a demandé au
laboratoire de revoir sa copie.
Au
ministère de la santé sous la droite comme sous la gauche, j’ai
du mal à croire que personne ne savait.
Les
médecins ?
Il
y a différentes façons d’exercer la médecine. D’un côté la
médecine cow-boy galvanisée par ses indéboulonnables certitudes.
De l’autre la médecine paralysée par le doute permanent,
sidérant. Ces deux médecines sont dangereuses. Fort heureusement,
des médecins lisent, se forment et s’informent pour tuer en partie
leurs doutes tout en étant conscients qu’ils ne deviendront jamais
des cow-boys.
La
médecine ne sauvera jamais le monde mais il suffisait de lire pour
savoir ça :
Revue Prescrire,
2014.
Simple
redite d’articles plus anciens.
Extraits :
Dans
ma réalité, la chose était entendue. On ne prescrivait quasiment
plus d’Uvestérol et les quelques fois où j’en voyais passer je
proposais aux parents de le substituer par une autre vitamine D en
leur expliquant la raison.
Dans
la réalité, des nourrissons sortaient encore tout récemment de
certaines et trop nombreuses maternités sous Uvestérol.
Notre
réalité, la réalité, il y a toujours un écart.
Tout
récemment, une jeune mère me téléphone affolée car elle
administre de l’Uvestérol à son bébé. Elle vient de voir
l’affaire à la télé. Je la rassure, l’invite à remplacer sa
vitamine D. Elle m’informe qu’elle est sortie de la maternité
avec cette prescription sans aucune explication. Je lui demande si le
médecin qui suit son enfant ne lui a pas proposé une autre forme de
vitamine.
Réflexion
personnelle qui jaillit quelque part dans mon cerveau pendant la
conversation téléphonique : « Ces médecins qui ne
lisent pas et ne s’informent pas, vraiment quelles plaies ! »
Sauf
que le seul médecin consulté depuis la sortie de maternité de cet
enfant, c’est moi…
Réflexion
qui jaillit quelque part dans votre cerveau pendant la lecture de ce
billet : « Quel loser ce toubib, il ne s’est pas
préoccupé de savoir quelle vitamine D reçoit son petit patient et
est incapable de se rappeler de cette consultation quand la mère
l’appelle ! »
Réalité
de la médecine :
-aucune
prescription de médicament ou d’examen d’investigation n’est
anodine
-il
faut vérifier ce que l’on fait
-il
faut vérifier ce que les autres font
-il
n’est pas toujours aisé de se remémorer en quelques secondes au
téléphone un patient vu une seule fois en consultation
Dans
ma réalité, on ne prescrivait quasiment plus d’Uvestérol. J’ai
certainement posé de nombreuses questions pendant la consultation,
mais pas celle-là. Ce jour-là, c’est passé à l’as. Je lis, je
m’informe, je savais. Malgré tout j’aurais pu être le médecin
d’un nourrisson mort après l’administration d’une dose de
vitamine D, prescription du domaine de la prévention...
On
ne sauvera pas le monde mais ?
Ça
on savait.
Petit
risque / gros risque. Petit rhume / gros rhume. Responsabiliser les
patients. Responsabiliser les médecins.
Alors
mesdames et messieurs les ministres, ex-ministres, candidats et
futurs candidats aux responsabilités suprêmes, que fait-on ?
Quelles leçons tirons-nous ? Quel programme annoncez-vous ?
Une
simple prescription préventive de vitamine D : Aucun risque ?
Petit risque ou très gros risque ? Responsabilité du patient,
du médecin ? Qui d’autre encore ? D’autres candidats
pour accéder aux responsabilités ? Suivez mon regard…
2017,
bonne année, bonne santé, la médecine fait et fera encore
d’indéniables prouesses. Des médicaments sauveront des vies. Tant
mieux. L’espoir.
2017,
le contexte est tendu, crispant, incertain, d’autres priorités,
état d’urgence, urgence absolue.
Je
répète : Le médicament sauve et améliore des vies.
Mais
le médicament en cueille également. Combien ? Pourquoi ?
Comment l’éviter ?
À quand un plan Vigipirate pour lutter contre ces morts-là ? Cette
réalité-là ?
Crépuscule
2016 - Veilles de Noël.
Dix
jours - Nourrisson de dix jours - Pas de mot pour décrire
l’insoutenable.
On
ne sauvera pas le monde mais ?
Ça
on savait*.
*Lire à ce sujet le billet coup de gueule d'un confrère triste sur son blog HIPPOCRATE ET PINDARE SONT DANS UN BATEAU
*Lire à ce sujet le billet coup de gueule d'un confrère triste sur son blog HIPPOCRATE ET PINDARE SONT DANS UN BATEAU
Cher confrère, je plussois votre article.
RépondreSupprimerJ'ai moi aussi écrit ma colère.
Notre système de santé dysfonctionne gravement :
http://hippocrate-et-pindare.fr/2017/01/06/tristesse-et-colere/