J’ai
récemment lu un article relevant le paradoxe entre le discours des
autorités de santé encourageant la vaccination alors que notre pays
rencontre une pénurie durable de vaccins.
L’auteur
prolifique de cet article intitulé :
Les
autorités de santé : «Faites-vous vacciner !». «Plus de vaccins
!» disent les pharmaciens
est
médecin, journaliste, et fut en charge de la rubrique médecine du
célèbre quotidien Le Monde pendant une trentaine d’années.
L’article
consultable ici
fut publié quelques jours auparavant sur le célèbre et très
visité site internet Slate.fr là.
J’imagine
que ces deux publications ont été lues par des milliers de
personnes.
Une
partie que l’on peut retrouver dans les deux articles m’a
chagriné car elle me semble prêter à confusion.
La
voici :
Sur Slate.fr :
Et sur le blog de l'auteur :
En
lisant cette phrase, je comprends, et j’imagine que la majorité
des personnes comprend que la vaccination contre la varicelle fait
partie des recommandations vaccinales en population générale alors
qu’en 2015 en France elle n'en fait pas partie et cela depuis plusieurs
années.
Sachant
que certains n’aiment pas spécialement être « titillés »
par des petits merdeux de mon genre, et qu’une coquille peut
facilement s’infiltrer dans un écrit, je me suis permis de
suggérer précautionneusement à l’auteur de l’article en
question que le vaccin contre la varicelle ne fait pas partie des
recommandations.
A
ma grande surprise, l’auteur a répondu, persisté et signé. Cette
vaccination est selon lui recommandée, sa référence officielle
étant un site non pas médical mais administratif dont la dernière mise à jour
date d’avril 2014 et dans lequel peut bêtement s’être glissée
une petite coquille. Pourquoi pas ? Même sur un site officiel
on peut trouver des coquilles non ? Alors ? C’est l’œuf
qui fait la poule ou l’inverse ? L’erreur n’est-elle pas
humaine ? La corriger est-il surhumain ?
Ce
qui est dommage, c’est que lorsqu’une coquille se glisse quelque
part, elle peut vite faire des petites et semer encore plus de
confusion.
Voici
ce que je lis dans mon quotidien régional du 24 avril 2015 :
Il
y a dans cet article plusieurs coquilles comme par exemple l’âge
des premiers vaccins. On vaccine à 2 ET 4 mois et non pas à 2 OU 4
mois.
On retrouve bien sûr la coquille du site de l’administration française
relayée sur slate.fr et ainsi de suite, lisez bien :
Je
suis un peu médecin, pas du tout journaliste, je n’écris pas dans
un célèbre journal, ni sur un site renommé, je n’ai pas de
relecteur, je fais plein d’erreurs, mais mes rares lecteurs savent
déjà ou sauront désormais que malgré ce qu’on peut lire ici ou
là, la vaccination contre la varicelle ne fait pas partie des
recommandations en population générale.
Voici
le calendrier 2015 des vaccinations obligatoires et recommandées en
population générale : (pas une trace de la varicelle, pas une
vésicule, encore moins le moindre millimètre de croûte de
varicelle).
Voici précisément qui peut être concerné par cette vaccination
particulière :
Toutes ces recommandations particulières sont
ici.
Pourquoi cette vaccination n'est pas à ce jour recommandée en population générale en France ?
Pour faire court et simple, la varicelle est une infection virale causée par le Virus Varicelle Zona (VZV) généralement bénigne, survenant majoritairement durant la petite enfance. Elle peut parfois se compliquer et s'aggraver notamment lorsqu'elle survient à un âge plus tardif. On sait que recommander la vaccination en population générale ne permettrait pas d' atteindre une couverture vaccinale totale. On considère à ce jour que cette vaccination risquerait alors de faire reculer l'âge de survenue de la maladie, là où elle est possiblement plus grave (balance bénéfices/risques défavorable). Cela pourra peut-être changer, mais à ce jour en France c'est ainsi. Rappelons au passage que la varicelle ne fait plus partie des maladies à éviction obligatoire des collectivités (crèches, écoles,...) depuis plusieurs années (2007).
Pourquoi cette vaccination n'est pas à ce jour recommandée en population générale en France ?
Pour faire court et simple, la varicelle est une infection virale causée par le Virus Varicelle Zona (VZV) généralement bénigne, survenant majoritairement durant la petite enfance. Elle peut parfois se compliquer et s'aggraver notamment lorsqu'elle survient à un âge plus tardif. On sait que recommander la vaccination en population générale ne permettrait pas d' atteindre une couverture vaccinale totale. On considère à ce jour que cette vaccination risquerait alors de faire reculer l'âge de survenue de la maladie, là où elle est possiblement plus grave (balance bénéfices/risques défavorable). Cela pourra peut-être changer, mais à ce jour en France c'est ainsi. Rappelons au passage que la varicelle ne fait plus partie des maladies à éviction obligatoire des collectivités (crèches, écoles,...) depuis plusieurs années (2007).
Il
y a suffisamment de suspicion et de polémiques dans le domaine de la
vaccination, il serait bon que journalistes et médecins (encore plus
quand on est les deux mon capitaine) n’ajoutent pas de confusion.
Moralité :
jeunes carabins, petits externes, timides internes, vieux médecins
isolés en fond de cambrousse, et tout citoyen, gardez toujours un
petit œil critique sur ce qu’on vous raconte ou ce que vous lisez,
et faisez-vous
confiance !
PS :
au cas où une petite coquille se soit malencontreusement glissée dans ce billet, merci
de me le faire savoir, je corrigerai… peut-être… sauf si c’est
pour la conjugaison du verbe faire. Je sais qu’on dit faites
et non pas faisez,
non mais alors, je sais un peu causer la France quand même. Donc
re-moralité : tout lire calmement avant de trop s’exciter, ça
peut éviter d’attraper des boutons !
Bonjour et merci pour ce post,
RépondreSupprimerJ’avais lu aussi l’article et j’avais relevé, sans penser qu’il était nécessaire de m’attarder, mais vous avez tout à fait raison de l’avoir fait. Après tout Jean-Yves Nau est effectivement très prolifique (je pense qu’il représente à lui tout seul les deux tiers des articles publiés dans « le club des médecins blogueurs, au bas mot, peut-être plus), et très lu. Or, s’il se met à dire n’importe quoi, c’est gênant.
Je l’avais entendu dans une émission sur l’obligation vaccinale sur France Culture, il y a quelques semaines, et l’impression globale est qu’il était passablement ignare sur le sujet.
Il est d’ailleurs assez curieux qu’il renvoie, dans son article réaffirmant que la vaccination contre la varicelle serait incluse dans le calendrier vaccinal (en lien hypertexte avec le mot « varicelle » dans l’énumération des vaccins supposés recommandés en population générale) vers un article wikipédia. Je croyais que les journalistes ne faisaient pas ça.
Il faut dire que le Conseil Supérieur d’hygiène publique de France, prédécesseur du HCSP et du CTV, avait eu du nez en 2004, lorsqu’il avait anticipé les effets délétères d’une vaccination généralisée. C’est, peut-être, la seule fois et le seul vaccin pour lequel cette instance, et puis le CTV en 2007, ont eu à cœur de mettre en œuvre une vision un peu plus globale et à long terme des conséquences de la généralisation d’un vaccin. L’expérience américaine leur a aussi bien servi.
Il faut dire que les Etats-Unis sont le paradis des ultra-vaccinalistes : on y vaccine contre tout ce contre quoi on peut vacciner et il n’y a officiellement pas de limites au nombre de vaccins qu’on peut faire dans une même séance (certains enfants ou adolescents ayant présenté des effets indésirables graves, avaient eu jusqu’à 7 injections pendant la même séance).
Le CSHPF avait donc anticipé, en 2004, sur le risque de déplacement de la maladie vers des âges plus élevés, en cas de vaccination généralisée, et avait pris en compte le bénéfice très faible attendu, puisque la varicelle est une maladie bénigne, chez des enfants en bonne santé, aux âges habituels de survenue, surtout entre 1 et 14 ans . Le CHSPH disait : « que la létalité varie avec l’âge : de l’ordre de 7 par million de cas entre 1 an et 14 ans 3 ,
elle est par comparaison avec cette tranche d’âge, en moyenne multipliée par 8 chez
l'enfant de moins de 1 an 3, comme chez les 15-24 ans, multipliée par 15 chez les 25-34
ans, par 34 chez les 35-44 ans et par 183 chez les 45-64 ans, du fait le plus souvent de
pneumopathies varicelleuses 3 au delà de l’âge de 15 ans, ».
je suis censurée à cause de la longueur de mon texte, alors, la suite plus loin..
suite
RépondreSupprimerLe risque est aussi celui d’une plus faible immunisation des femmes en âge de procréer, comme cela s’est produit pour la rougeole, puisque le vaccin ne confère pas la même durée d’immunisation que la maladie, mais une durée bien plus faible, avec un risque accru de foetopathie due à des varicelles pendant la grossesse.
Le sénario qui s’est produit aux Etats-Unis a confirmé ces craintes. C’est le même sénario qu’avec les autres vaccins à virus vivants, notamment rougeole et oreillons : après quelques années d’accalmie dans les états pilotes, résurgence d’épidémies localisées. Mais aussi, déplacement de l’âge de survenue à des âges plus tardifs, âges où ces maladies sont plus graves.
Malgré ces constats, la fuite en avant s’est poursuivie aux Etats-Unis. On a introduit le vaccin contre la varicelle dans le calendrier vaccinal en 2007 entre 12 et 15 mois avec une deuxième dose entre 4 et 6 ans. Puis, dans un deuxième temps, pour être sûrs d’avoir une couverture vaccinale au plafond, on a combiné le vaccin avec le rougeole oreillons rubéole dans un vaccin appelé Proquad de Merck.
Mais on a constaté alors plusieurs problèmes. Outre les effets indésirables locaux importants, de l’ordre de 80%,, le vaccin combiné Proquad doublait le risque de convulsions fébriles chez les petits de 1 à 2 ans. D’autre par la protection n’était garantie que pendant 5 ans, alors qu’elle est le plus souvent à vie, lors de l’infection naturelle, non seulement à cause de l’infection elle-même, mais en raison de la circulation virale, qui permet une réactivation de l’immunité.
D’autre part le vaccin peut induire une varicelle cliniquement apparente, et peut se transmettre également .
Les effets indésirables graves relevés ne sont pas anecdotiques : il s’agit de malaises, convulsions fébriles, choc anaphylactique, pneumonie varicelleuse, encéphalites, syndrome de Steven Johonson, neuropathies, anomalies hématologiques.
Il faut ajouter à ça les effets globaux de déplacement des épidémies de varicelle vers des âges plus
il manquait un bout de texte
RépondreSupprimerà risque et aussi la moins bonne immunisation des femmes en âge de procréer.
Ce qui a changé c’est donc surtout que la moindre épidémie de varicelle dans les écoles se transforme en un drame national.
Et depuis la mise en place de la vaccination, le nombre de cas chez les plus de 20 ans aurait notablement augmenté http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6132a2.htm .
Le bilan est donc globalement négatif.
Je trouve qu'un deuxième problème se pose et c'est la disponibilité des vaccins dans toutes les pharmacies ?!
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