samedi 11 avril 2015

LES EXPERTS épisode 3 : AYEZ CONFIANCE

 

Heureusement que nous avons des experts, ayez confiance…
 
Il y a depuis quelque temps une pénurie de vaccins, de certains vaccins, pas tous.
 
Il est par exemple devenu quasiment impossible en France et ailleurs pour le moment et apparemment pour longtemps de faire vacciner son enfant avec le vaccin pentavalent Diphtérie-Tétanos-Polio-Coqueluche-Haemophilus.

 
Car voyez-vous, de grands fabricants comme GSK ou Sanofi seraient dépassés par la demande mondiale d’autant que la production d’un vaccin est complexe et longue, environ un an et demi. Ce sont eux qui le disent. Soit.

 
Sauf que ce qui est compliqué et long pour le vaccin pentavalent ne semble pas l’être pour le vaccin hexavalent contenant le vaccin contre l’hépatite B en plus des cinq autres, connu sous le nom d’Infanrix Hexa, et 1,5 fois plus coûteux donc 1,5 fois plus rentable pour le fabricant.

 
Rappelons au passage, juste comme ça de façon tout à fait innocente, qu’il ne semble pas avoir été compliqué et long de produire et fournir un vaccin à forte demande mondiale lors de l’épisode de la grippe H1N1. Atchoum ! Oups, excusez-moi, juste un petit éternuement, rien de bien méchant. Roselyne revient ! Euh non en fait reste où tu es et demande à Marisol de te rejoindre je crois que ça ferait du bien à tout le monde…

 
Heureusement nous avons des experts, et un ministère, ayez confiance…

 
Face à la tension d’approvisionnement de ces vaccins, de probables experts ont dû conseiller la ministre de la santé sur la conduite à tenir à donner à patients et médecins.

 
Car voyez-vous, la loi française impose la vaccination des enfants contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Cette obligation vaccinale a d’ailleurs tout récemment été jugée conforme à la constitution républicaine par le conseil constitutionnel.

 
Voilà donc ce qui est diffusé sur le site du ministère de Marisol Touraine afin de respecter l’obligation vaccinale donc la loi malgré la pénurie :
 
 
 
 
Le 1er point est le suivant : la vaccination du nourrisson telle que prévue au calendrier des vaccinations est maintenue avec l’utilisation du vaccin hexavalent (infanrix Hexa®).

 
On peut se dire que la ministre est gentille, elle nous dit quoi faire, youpi chouette !

 
On peut être au contraire un peu mesquin et se dire que la ministre cautionne finalement une stratégie des laboratoires pour se faire un peu plus de fric en prenant par la même occasion médecins et parents en otages puisque du fait d’être le seul disponible, le vaccin recommandé mais non obligatoire hexavalent s’impose.

 
On pourrait en fait dire beaucoup de choses sur ces préconisations ministérielles.

 
Je me contenterai d’un point pouvant paraître anodin, celui-ci :


 

Cette information officielle, simple, claire nette et précise, soumise par des experts, validée par une ministre est fausse. S’il est vrai que certaines (pas toutes) PMI fournissent les vaccins lors des consultations, elles ne possèdent pas de filières de production spécifique, leurs maigres stocks s’écoulent ou sont déjà écoulés. Pour celles qui ne fournissent pas les vaccins, elles n’ont aucun stock, et prescrivent les vaccins que les patients vont chercher à la pharmacie. C’est assez simple à comprendre. Il est relativement impressionnant que sur un point aussi simple le ministère divulgue une information fausse. Qu’en est-il des points légèrement plus complexes ?...

 
Heureusement que nous avons des experts, ayez confiance…

 
Toujours au sujet de vaccinations, des experts avaient donné leur avis sur les deux vaccins oraux contre la gastro entérite à rotavirus. C’était mi-février 2014.

 
J’avais lu cet avis qui recommandait cette vaccination. Probablement par manque de maturité et d’humilité, je n’avais pas tellement eu confiance. Alors j’avais publié mon avis, à moi, le mien, tout mimi. Je l’avais intitulé justement LES EXPERTS afin de partager mes doutes et questionnements.

 
C’était fin février 2014 ici : LES EXPERTS épisode 1

 
Comme dans le domaine vaccinal, certains rappels sont importants, au printemps 2014 j’avais fait une sorte de petite piqûre de rappel : LES EXPERTS épisode 2.
 
 
Un an après, en mars 2015, voici ce que les professionnels de santé reçoivent sur le sujet de ces deux vaccins de la part de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé :
 

 
 
 
La lettre dans sa totalité et de meilleure qualité est consultable sur le site suivant : ANSM.
 
Ce genre de courrier ne me semble finalement pas tellement mettre en confiance.

 
Heureusement que nous avons des experts, ayez confiance, imaginez le bordel sans eux !

 
Nous avons indéniablement besoin d’experts, fiables, et non corrompus.
 
 
Nous avons peut-être aussi un peu beaucoup passionnément à la folie besoin de médecins non experts. Le médecin du futur en général, généraliste en particulier, doit sans doute être considéré et formé comme un filtre à prescriptions plus que comme un mitrailleur prescripteur à la botte des experts eux-mêmes à la botte de … vous m’avez sans doute compris.
 
 
PS : dans le domaine de la vaccination je suis un NINI : ni anti-vaccin, ni pro-vaccin à tout-va. J’essaie d’avoir un certain esprit critique avec mes maigres outils et mes quelques connaissances de base pour tenter de conserver une position raisonnable non pas pour moi mais pour les patients, rien de plus. Et c’est pas facile…
 

3 commentaires:

  1. Cette histoire de rupture d'approvisionnement de vaccin est un véritable scandale .D'autant plus que les autorités s'en moquent complètement et cela semble même les arranger car ne sont disponibles que les vaccins qui couvrent toutes les recommandations.De cette façon pas besoin de les rendre obligatoire.
    Par ailleurs une remarque . Sont disponibles les vaccins contre le tétanos : Tétavax et contre la poliomyélite Imovax.Il ne manque que la diphtérie .A-t-on entendu les autorités en parler ?

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  2. Bonjour,
    Merci pour ce travail et pour avoir pris le temps de lire de manière critique le rapport du HCSP qui avait permis d'étendre la vaccination contre le rotavirus. Voilà où nous en sommes, effectivement, deux décès de bébés, dont la relation avec le vaccin ne peut pas être mise en cause, mais qui étaient restés oubliés dans un tiroir des laboratoires pendant deux ou trois ans. Face à cette réalité, un président du Comité technique de vaccination, qui ne nie pas ses innombrables conflits d'intérêts, mais qui en minimise l'influence, et qui a répété depuis plusieurs années dans divers medias, parlant, comme à son habitude, des vaccins comme d'une entité globale et indivisible, donc, non sujette à l'analyse, "que de toutes façons les bénéfices des vaccins sont très supérieurs aux risques". Risques qu'il estime, toujours en général, à tout au plus un pour un demi million de vaccinés pour les effets indésirables graves. Les effets indésirables observés et rapportés sont pour lui, le fait de coïncidences.
    On n'a pas tant besoin de multiplier les experts que de donner les moyens aux médecins de se sentir et d'être compétents pour se faire leur propre opinion.
    C'est une belle contribution.
    Il faudrait être encore plus audible, et c'est seulement en multipliant les relais qu'on pourra faire passer ce message: ne vous interdisez pas de penser, les experts ne sont pas qualifiés pour le faire à votre place.

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  3. Bonjour,
    Je ne suis pas un ni ni : je suis un pro/contre. Pour les vaccins qui paraissent être validés en termes de santé publique et contre dans le cas inverse. En sachant que l'avis du patient est important.

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