Crise
sanitaire ou pas, bien des services de Protection Maternelle et
Infantile (PMI) ont un genou à terre quand ce ne sont pas les deux.
Crise sanitaire ou pas, faute de pilotage et d'harmonisation au
niveau national, leurs organisations varient d'un département à
l'autre. Plus spécifiquement durant la pandémie COVID-19 actuelle,
mais que fait la PMI ?
L'organisation
décrite ici reflète seulement ce qui a été mis en place sur un
petit territoire, absolument pas la continuité de tous ces services
sur l'ensemble du pays.
Avant
de rentrer dans le détail, quelques éléments de contexte et
réflexions :
-La
stratégie du confinement a été adoptée depuis le 17 mars pour
tenter de ralentir la progression de l'épidémie.
-Certains
déplacements sont néanmoins autorisés, notamment dans le domaine
médical pour des consultations
et soins ne pouvant être assurés à distance et ne pouvant être
différés ; consultations et soins des patients atteints d'une
affection de longue durée.
-Un
train pouvant en cacher un autre, voire plusieurs autres, il est
important de communiquer à ce sujet.
-Car
les projecteurs étant à juste titre exclusivement braqués sur le
Coronavirus, il faut avoir à l'esprit que dans l'ombre, d'autres
pathologies surviennent, évoluent, s'aggravent. Il est primordial
que les patients continuent à se faire suivre par leur médecin
lorsqu'ils sont atteints de maladie chronique, primordial qu'un lien
soit maintenu avec les personnes les plus fragiles, les personnes
isolées, les familles traumatisées comme illustré ici : LE TITRE DE TONTON ? . Il est fondamental que la lutte contre la pandémie en
cours n'occulte pas la mobilisation nécessaire contre les dommages
collatéraux que ce contexte exceptionnel engendre déjà et que l'on
découvrira trop tard avec torpeur si on attend l'heure du
déconfinement.
A
ce sujet, j'invite mes collègues soignants à relayer ou signer
l'initiative de mon confrère le Dr Jean-Baptise Blanc ici : Risques de dommages collatéraux du Covid
Concernant
la périnatalité, COVID-19 ou pas COVID-19, des femmes continuent de
découvrir leur grossesse. Malgré les prouesses de la médecine,
l'option « pause grossesse » pendant cette crise
sanitaire n'est pas prévue. Par conséquent les grossesses
continuent d'évoluer, des femmes continuent d'accoucher, des bébés
confinés continuent de naître, de jeunes parents retournent se
confiner chez eux avec leur petit bambin, seuls, parfois loin de leur
soutien familial, amical. Les enfants relativement préservés par
les formes sévères de la maladie qui parcourt le monde actuellement
doivent pouvoir être protégés contre les autres maladies
infectieuses évitables.
Les
soignants des services de PMI font partie des acteurs sanitaires
contribuant à la prise en charge des femmes enceintes, des femmes
accouchées, des nourrissons, des nouveaux parents.
Pendant
que le cyclone COVID-19 tourne sur le pays, quelle part
prennent-ils ?
Le
ministère des solidarités et de la santé a donné une feuille de
route ici : Continuité des missions de PMI et de planification.
Ce
qui suit est un résumé de ce qui s'est mis en place en quelques
jours sur un bassin de population d'un peu plus de 200 000 habitants
(3 médecins de PMI) répartis en zones rurales et urbaines,
considérant que le service est un maillon de la chaîne du champ
sanitaire qui au même titre que les autres maillons a dû
s'organiser pour tenir son rôle dans cette lutte contre l'épidémie.
Sur
ce territoire, depuis le 23 mars trois sites PMI distincts sont
maintenus en activité. L'un est dédié exclusivement à l'activité
prénatale, les deux autres à l'activité pédiatrique (un pour
l'urbain, le second pour le rural) évitant ainsi que femmes
enceintes et jeunes enfants se croisent sur le même site.
Infirmières, infirmières puéricultrices, médecins, sages-femmes
de PMI s'y relaient pour exercer chaque jour de la semaine
exclusivement sur rendez-vous espacés afin d'éviter les croisements
et les regroupements de personnes en salle d'attente. Des visites à
domicile sont maintenues pour les situations qui le nécessitent.
Tout est assuré dans les meilleurs conditions de sécurité et
d'hygiène possibles pour les patients comme pour les
professionnelles. Le Centre Hospitalier du secteur s'étant organisé
pour faire sortir plus précocement les jeunes mères et les
nourrissons, le personnel de santé PMI est prêt pour assurer le
relais et répondre au plus tôt. Pendant que les soignants sur site
sont exclusivement centrés sur leurs consultations, d'autres en
télétravail assurent le soutien téléphonique des familles suivies
avant la mise en place du confinement ainsi que des nouvelles
familles faisant appel au service. Chaque professionnelle alterne
entre activité en télétravail et activité clinique sur site
puisqu'il faut à la fois maintenir et même renforcer l'activité
sur le champ sanitaire tout en respectant le principe de confinement.
Une
cellule de régulation a été mise en place afin d'assurer la
coordination, le bon fonctionnement et la logistique de ces trois
sites en activité. Un numéro de téléphone unique diffusé à nos
partenaires permet de centraliser toutes les demandes et
sollicitations. Un professionnel de santé y assure une permanence
téléphonique pour les conseils et premières réponses aux familles
en s'appuyant ou en renvoyant sur un médecin en cas de besoin.
Dans
ce petit bout de France et dans l'ombre, des soignants prennent part
à leur niveau, de leur place et avec leurs moyens à la tâche.
Sachant que dès le départ la règle du jeu a été donnée et
écrite noir sur blanc par leur direction. Tous ces soignants ont
été formés en milieu hospitalier. Une bonne partie y a exercé.
Certains ont également connu l'exercice libéral. En fonction de
l'évolution des événements, tous savent qu'ils pourront être
réquisitionnés pour offrir leurs services ailleurs, prendre part à
la lutte d'une autre façon, parfois en première ligne. Parce que
c'est ça le monde des soignants. Ce monde qui fait corps par delà
les polémiques et les guerres d'ego. Ce corps de besogneux anonymes
qui tient la mêlée pendant que des remplaçants potentiels se préparent
mentalement, s'échauffent discrètement en même temps qu'ils jouent
un match tout aussi fondamental pour limiter voire éviter certains
dommages collatéraux liés à cette crise.
Mais
le plus important c'est vous. Le plus important c'est nous, ce nous
qui fait société. Nos armes actuelles pour limiter la casse, ce
sont nos gestes quotidiens, nos comportements, notre bon sens, la
bonne et juste distance bien sûr entre nous mais aussi par rapport à
tout ce qui est raconté et relayé en boucle sans toujours avoir été
vérifié. Ce pouvoir-là, c'est le plus précieux, il est entre nos
mains.
#YESWECAN
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