Une
quinzaine de billets publiés sur ce blog évoque le thème des
vaccins majoritairement pédiatriques. Je défie quiconque de trouver
un seul élément au sein de ces écrits comme au sein de la centaine
d'articles de ce blog, reflet partiel de ma pratique loin d’être
parfaite, allant à l’encontre des données de la science. Mes
derniers billets ont exclusivement traité de l’extension de
l’obligation vaccinale. Je me suis clairement exprimé contre cette
extension seul ici ou en m’associant à quelques confrères dans
une lettre commune. Tant que
la loi n’est pas entrée en vigueur, j’estime que l’on est
en droit de s’exprimer et qu’il est toujours temps de participer
à sa façon au débat.
J’assume
et je réitère cette prise de position qui se fonde essentiellement
sur deux piliers.
Premièrement,
au-delà du seul thème de la vaccination et en dehors des situations
d’urgence, je conçois ma place de médecin comme celle d’un
copilote. Le patient ou le parent d’un enfant est le pilote, je ne
fais que l’accompagner sur le chemin de la santé. Je tente de le
guider au mieux, selon ses choix, avec des conseils, des avis, des
préconisations, des prescriptions.
Second
pilier, tous ces éléments que je mets à disposition du pilote
doivent être argumentés le plus scientifiquement et le plus
indépendamment possible tout en respectant bien évidemment la
déontologie et la législation quand loi il y a.
Ce
n'est pas plus compliqué que ça. Pour moi, la relation de soin
verticale est d'un autre âge. Laissez-vous tomber paisiblement de
votre piédestal de toubib les amis, je vous assure que c'est
indolore !
Dans
un récent billet, je relatais mes difficultés et mes questions face
à un père ayant refusé les vaccinations pour son enfant. Ayant
échoué à assurer mon rôle de copilote durant cette consultation,
tout proche de la sortie de piste, la première conclusion venant à
l’esprit est que l’obligation réglera ce genre d’échec. Je
n’ai pourtant pas tiré cette conclusion-là, j’ai tiré de cette
mauvaise expérience d’autres réflexions qui malheureusement se
vérifient jour après jour.
J’ai
toujours considéré que le plus important n’était pas forcément
une décision prise un jour, mais toutes celles qui en découleraient
le lendemain puis le surlendemain.
Illustrations :
Dans
ce billet (LA CONFRULTATION) publié le 7 octobre 2017, j'évoquais la possibilité de rendre
obligatoire la vaccination contre le Human PapillomaVirus (HPV)
visant essentiellement à lutter contre les infections pouvant mener
au cancer du col de l’utérus.
Une
dizaine de jours après, lors de l'examen en commission des lois à
l'assemblée nationale de l'article concernant l'extension de
l'obligation vaccinale, le rapporteur de la loi ne disait rien
d'autre :
« Il ne faut pas qu'on ait peur de débattre,
au-delà de la question de la vaccination obligatoire, sur les étapes
suivantes, sur ce qu'il y aura après pour protéger les enfants.
Peut-être qu'un jour nous arriverons à débattre sereinement de la
question du papillomavirus dans le cancer de l'utérus, etc... »
Nous pouvons facilement supposer avec ces quelques lignes, que dans
la tête de ce député et médecin, la loi étendant l’obligation
à onze vaccins n’est possiblement qu’une étape avant d’autres.
Toujours
dans ce fameux billet, j'exprimais l'idée suivante : l’Ordre
des Médecins s’étant félicité dans un communiqué de
l’extension de l’obligation vaccinale, ne pourrait-on pas
désormais lui demander de faire régner l’ordre ?
Dans
une récente interview, le Président du Conseil National de l'Ordre
des Médecins en personne tenait des propos semblant aller dans ce
sens.
Mais
de quel ordre parle-t-on ?
Un
peu de dérision pour détendre l’atmosphère.
Le
désordre n'est-il pas mis et alimenté par des clowns ?
Rapide
flash-back sur l'obligation vaccinale :
-2013/2014 :
le Haut Conseil de la Santé Publique s'accapare du sujet de
l'obligation vaccinale et rend son avis : "Politique vaccinale et
obligation vaccinale en population générale" consultable sur ce site.
Naïvement,
de ma place de médecin copilote, j'interprète cet avis comme un
premier pas vers la levée future de l'obligation.
-2016 :
une Concertation Citoyenne à l'initiative de Marisol Touraine
n'amène ni les citoyens ni les professionnels à se prononcer en
faveur d'une extension de l'obligation. C'est pourtant l'unique
option choisie par les experts et retenue par la ministre Touraine.
-printemps
2017 : Mme Touraine passe le flambeau au Professeur Buzyn,
passage durant lequel l'ex-ministre appuie sur la nécessité absolue
de faire passer cette extension.
-automne
2017 : l'extension est actée pour les enfants à naître à
partir de janvier 2018.
Dès
l'avis du HCSP de 2014, j'étais donc à côté de la plaque, un vrai
clown !
Rappelons
cependant qu’entre temps, la Société Française de Santé
Publique s’est plutôt exprimée contre cette extension
d’obligation vaccinale comme le Collège National des Généralistes
Enseignants tout en sachant que la pratique vaccinale fait grandement
partie de la pratique de médecine générale. Bien qu’il ne soit
pas un institut d’EXPERTS vaccinologues, on peut penser sans
pousser le bouchon trop loin que le Collège de Généralistes
possède une expertise certaine sur la question.
MAIS.
Il
manque sans doute un élément fondamental dans ce déroulé rapide
ayant conduit au vote de l’obligation des onze vaccins
pédiatriques. J’ai omis d’introduire l’intervention d’un
autre clown. Je pense que paradoxalement et n’en déplaise à ses
nombreux aficionados, le clown Joyeux a tristement servi la cause des
promoteurs de l’obligation. Il a habilement capté le projecteur
sur lui. L’Ordre des Médecins a tenté de le rattraper, de le
radier, en vain jusqu’à ce jour, participant à intensifier la
lumière sur ce clown qui a réussi quasiment à lui seul à
précipiter la décision experto-gouvernementale d’imposer ces
vaccinations sans débat serein. Décision applaudie et soutenue par
une quarantaine de sociétés savantes (et syndicats médicaux pour
gonfler les rangs ?) dont on peut se demander sans être
insultant pour quelques-unes d’entre elles de quel niveau
d’expertise et d’indépendance sur la question elles peuvent se
glorifier par rapport à une instance comme le CNGE.
Ainsi,
modeste clown parmi les clowns, de simple copilote, cette décision
va me faire remonter demain sur la selle de pilote, laissant vacante
celle de copilote, le patient-parent étant quant à lui relégué
passager arrière seconde classe en route sur un drôle de chemin
tortueux.
C’est
justement parce que nous sommes à la proche veille de l’application
plus que probable de cette décision que les clowneries de toutes
parts s’intensifient. On ne s’entend, ou plutôt, on ne s’écoute
pas. On raccourcit, on travestit, on fait des amalgames maladroits
voire malhonnêtes.
D’anciennes
gloires de la médecine nobélisées jadis mettent en scène leurs
pitreries comme si elles souhaitaient conclure leur parcours non pas
par un tour mais par un bras d’honneur adressé aux institutions
qu’elles ont pourtant servi des décennies. Les patrons flingueurs
dézinguent sans retenue à la manière d’adolescents rebelles
confirmant que la vieillesse est un retour à l’enfance.
Le
Président de l’Ordre en père fouettard tente de les remettre dans
le cadre ou de les y en faire sortir, on ne sait plus trop. Propos
ciblés sur ces clowns-là ou plus larges sur des médecins qui
ne rigolent pas sur ce sujet-là ? On s’y perd.
Trois de mes confrères ont réagi aux mots du Président Bouet sous des
angles différents, complémentaires et très intéressants :
Lettre ouverte au Dr Bouet président du CNOM
Quand le Président du Conseil National de l'Ordre des Médecins menace
Quand le Président du Conseil National de l'Ordre des Médecins menace
La
colère et le trouble nous font tous parfois sortir de nos gonds,
surtout lorsque l’on se sent injustement visés. C’est humain et
utile.
Il
est dommage de constater que certains journalistes, qui
plus est, médecins, dont le rôle me semble être de se distancier du
feu de l’actualité pour mieux la présenter tombent à leur tour
dans la caricature et l’amalgame participant mieux que personne au
désordre des clowns.
Ainsi
va la vie.
Demain, les médecins pilotes qui hier et aujourd’hui imposent des vaccins recommandés sans en informer clairement et
loyalement leurs patients seront enfin en conformité avec la loi.
Leur siège de pilote sera renforcé. En d’autres termes pour ceux
qui n’auraient pas compris ce que j’évoque là ou qui
fermeraient volontairement les yeux, régulièrement chaque jour des
vaccinations (mais bien d’autres choses allant parfois à
l’encontre des données de la science comme cet exemple) sont pratiquées sans explications préalables, sans information
sur les obligations, les recommandations, les bénéfices, les
risques, et tout ce monde de clowns s’en accommode.
Si
demain l’Ordre sanctionne un médecin ne respectant pas la
législation vaccinale, il sera dans son bon rôle aussi bien qu’il
le serait à mon sens aujourd’hui s’il venait à s’exprimer
voire à rappeler à l’ordre un médecin ayant imposé en catimini
une recommandation vaccinale. D’ailleurs, ces pratiques-là
n’auraient-elles pas participé elles aussi à la défiance
vis-à-vis des vaccins ? Tenez bon les gars, dans quelques
semaines vous aurez réussi à passer mieux que d’autres entre les
largesses des mailles du filet.
Vivement
que la fin de cette triste partie soit sifflée, que les pitreries
cessent, qu’après le désordre, chaque clown retire son nez,
descende de scène, de son piédestal, pour justement prendre de la
hauteur et que tous les acteurs retrouvent non pas un peu d’ordre
mais au moins quelques pincées de sagesse et d’humilité.
Clownement
vôtre.
bonjour
RépondreSupprimerbravo pour ce texte . J'aimerais faire partie des signataires de la lettre ouverte .
Bonjour
SupprimerMerci pour votre soutien et votre proposition de vous associer aux signataires de notre lettre. Et à mon tour de vous dire bravo pour votre intervention dans l'émission sur l'ostéoporose ;-)
MERCI POUR VOTRE ENGAGEMENT
RépondreSupprimerUNE MAMAN
Merci UNE MAMAN. Soufflez ça à l'oreille de mon président du CNOM ;-)
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