vendredi 17 novembre 2017

LE DésORDRE DES CLOWNS ?



Une quinzaine de billets publiés sur ce blog évoque le thème des vaccins majoritairement pédiatriques. Je défie quiconque de trouver un seul élément au sein de ces écrits comme au sein de la centaine d'articles de ce blog, reflet partiel de ma pratique loin d’être parfaite, allant à l’encontre des données de la science. Mes derniers billets ont exclusivement traité de l’extension de l’obligation vaccinale. Je me suis clairement exprimé contre cette extension seul ici ou en m’associant à quelques confrères dans une lettre commune. Tant que la loi n’est pas entrée en vigueur, j’estime que l’on est en droit de s’exprimer et qu’il est toujours temps de participer à sa façon au débat.

J’assume et je réitère cette prise de position qui se fonde essentiellement sur deux piliers.

Premièrement, au-delà du seul thème de la vaccination et en dehors des situations d’urgence, je conçois ma place de médecin comme celle d’un copilote. Le patient ou le parent d’un enfant est le pilote, je ne fais que l’accompagner sur le chemin de la santé. Je tente de le guider au mieux, selon ses choix, avec des conseils, des avis, des préconisations, des prescriptions.

Second pilier, tous ces éléments que je mets à disposition du pilote doivent être argumentés le plus scientifiquement et le plus indépendamment possible tout en respectant bien évidemment la déontologie et la législation quand loi il y a.

Ce n'est pas plus compliqué que ça. Pour moi, la relation de soin verticale est d'un autre âge. Laissez-vous tomber paisiblement de votre piédestal de toubib les amis, je vous assure que c'est indolore !

Dans un récent billet, je relatais mes difficultés et mes questions face à un père ayant refusé les vaccinations pour son enfant. Ayant échoué à assurer mon rôle de copilote durant cette consultation, tout proche de la sortie de piste, la première conclusion venant à l’esprit est que l’obligation réglera ce genre d’échec. Je n’ai pourtant pas tiré cette conclusion-là, j’ai tiré de cette mauvaise expérience d’autres réflexions qui malheureusement se vérifient jour après jour.

J’ai toujours considéré que le plus important n’était pas forcément une décision prise un jour, mais toutes celles qui en découleraient le lendemain puis le surlendemain.

Illustrations :

Dans ce billet (LA CONFRULTATION) publié le 7 octobre 2017, j'évoquais la possibilité de rendre obligatoire la vaccination contre le Human PapillomaVirus (HPV) visant essentiellement à lutter contre les infections pouvant mener au cancer du col de l’utérus.

Une dizaine de jours après, lors de l'examen en commission des lois à l'assemblée nationale de l'article concernant l'extension de l'obligation vaccinale, le rapporteur de la loi ne disait rien d'autre :

«  Il ne faut pas qu'on ait peur de débattre, au-delà de la question de la vaccination obligatoire, sur les étapes suivantes, sur ce qu'il y aura après pour protéger les enfants. Peut-être qu'un jour nous arriverons à débattre sereinement de la question du papillomavirus dans le cancer de l'utérus, etc... »

Nous pouvons facilement supposer avec ces quelques lignes, que dans la tête de ce député et médecin, la loi étendant l’obligation à onze vaccins n’est possiblement qu’une étape avant d’autres.

Toujours dans ce fameux billet, j'exprimais l'idée suivante : l’Ordre des Médecins s’étant félicité dans un communiqué de l’extension de l’obligation vaccinale, ne pourrait-on pas désormais lui demander de faire régner l’ordre ?

Dans une récente interview, le Président du Conseil National de l'Ordre des Médecins en personne tenait des propos semblant aller dans ce sens.

Mais de quel ordre parle-t-on ?

Un peu de dérision pour détendre l’atmosphère.

Le désordre n'est-il pas mis et alimenté par des clowns ?

Rapide flash-back sur l'obligation vaccinale :

-2013/2014 : le Haut Conseil de la Santé Publique s'accapare du sujet de l'obligation vaccinale et rend son avis : "Politique vaccinale et obligation vaccinale en population générale" consultable sur ce site.

Naïvement, de ma place de médecin copilote, j'interprète cet avis comme un premier pas vers la levée future de l'obligation.

-2016 : une Concertation Citoyenne à l'initiative de Marisol Touraine n'amène ni les citoyens ni les professionnels à se prononcer en faveur d'une extension de l'obligation. C'est pourtant l'unique option choisie par les experts et retenue par la ministre Touraine.

-printemps 2017 : Mme Touraine passe le flambeau au Professeur Buzyn, passage durant lequel l'ex-ministre appuie sur la nécessité absolue de faire passer cette extension.

-automne 2017 : l'extension est actée pour les enfants à naître à partir de janvier 2018.

Dès l'avis du HCSP de 2014, j'étais donc à côté de la plaque, un vrai clown !

Rappelons cependant qu’entre temps, la Société Française de Santé Publique s’est plutôt exprimée contre cette extension d’obligation vaccinale comme le Collège National des Généralistes Enseignants tout en sachant que la pratique vaccinale fait grandement partie de la pratique de médecine générale. Bien qu’il ne soit pas un institut d’EXPERTS vaccinologues, on peut penser sans pousser le bouchon trop loin que le Collège de Généralistes possède une expertise certaine sur la question.

MAIS.

Il manque sans doute un élément fondamental dans ce déroulé rapide ayant conduit au vote de l’obligation des onze vaccins pédiatriques. J’ai omis d’introduire l’intervention d’un autre clown. Je pense que paradoxalement et n’en déplaise à ses nombreux aficionados, le clown Joyeux a tristement servi la cause des promoteurs de l’obligation. Il a habilement capté le projecteur sur lui. L’Ordre des Médecins a tenté de le rattraper, de le radier, en vain jusqu’à ce jour, participant à intensifier la lumière sur ce clown qui a réussi quasiment à lui seul à précipiter la décision experto-gouvernementale d’imposer ces vaccinations sans débat serein. Décision applaudie et soutenue par une quarantaine de sociétés savantes (et syndicats médicaux pour gonfler les rangs ?) dont on peut se demander sans être insultant pour quelques-unes d’entre elles de quel niveau d’expertise et d’indépendance sur la question elles peuvent se glorifier par rapport à une instance comme le CNGE.

Ainsi, modeste clown parmi les clowns, de simple copilote, cette décision va me faire remonter demain sur la selle de pilote, laissant vacante celle de copilote, le patient-parent étant quant à lui relégué passager arrière seconde classe en route sur un drôle de chemin tortueux.

C’est justement parce que nous sommes à la proche veille de l’application plus que probable de cette décision que les clowneries de toutes parts s’intensifient. On ne s’entend, ou plutôt, on ne s’écoute pas. On raccourcit, on travestit, on fait des amalgames maladroits voire malhonnêtes.

D’anciennes gloires de la médecine nobélisées jadis mettent en scène leurs pitreries comme si elles souhaitaient conclure leur parcours non pas par un tour mais par un bras d’honneur adressé aux institutions qu’elles ont pourtant servi des décennies. Les patrons flingueurs dézinguent sans retenue à la manière d’adolescents rebelles confirmant que la vieillesse est un retour à l’enfance.

Le Président de l’Ordre en père fouettard tente de les remettre dans le cadre ou de les y en faire sortir, on ne sait plus trop. Propos ciblés sur ces clowns-là ou plus larges sur des médecins qui ne rigolent pas sur ce sujet-là ? On s’y perd.

Trois de mes confrères ont réagi aux mots du Président Bouet sous des angles différents, complémentaires et très intéressants : 



La colère et le trouble nous font tous parfois sortir de nos gonds, surtout lorsque l’on se sent injustement visés. C’est humain et utile.

Il est dommage de constater que certains journalistesqui plus est, médecins, dont le rôle me semble être de se distancier du feu de l’actualité pour mieux la présenter tombent à leur tour dans la caricature et l’amalgame participant mieux que personne au désordre des clowns. 



Ainsi va la vie.

Demain, les médecins pilotes qui hier et aujourd’hui imposent des vaccins recommandés sans en informer clairement et loyalement leurs patients seront enfin en conformité avec la loi. Leur siège de pilote sera renforcé. En d’autres termes pour ceux qui n’auraient pas compris ce que j’évoque là ou qui fermeraient volontairement les yeux, régulièrement chaque jour des vaccinations (mais bien d’autres choses allant parfois à l’encontre des données de la science comme cet exemple) sont pratiquées sans explications préalables, sans information sur les obligations, les recommandations, les bénéfices, les risques, et tout ce monde de clowns s’en accommode.

Si demain l’Ordre sanctionne un médecin ne respectant pas la législation vaccinale, il sera dans son bon rôle aussi bien qu’il le serait à mon sens aujourd’hui s’il venait à s’exprimer voire à rappeler à l’ordre un médecin ayant imposé en catimini une recommandation vaccinale. D’ailleurs, ces pratiques-là n’auraient-elles pas participé elles aussi à la défiance vis-à-vis des vaccins ? Tenez bon les gars, dans quelques semaines vous aurez réussi à passer mieux que d’autres entre les largesses des mailles du filet.

Vivement que la fin de cette triste partie soit sifflée, que les pitreries cessent, qu’après le désordre, chaque clown retire son nez, descende de scène, de son piédestal, pour justement prendre de la hauteur et que tous les acteurs retrouvent non pas un peu d’ordre mais au moins quelques pincées de sagesse et d’humilité.

Clownement vôtre.  


4 commentaires:

  1. bonjour

    bravo pour ce texte . J'aimerais faire partie des signataires de la lettre ouverte .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour
      Merci pour votre soutien et votre proposition de vous associer aux signataires de notre lettre. Et à mon tour de vous dire bravo pour votre intervention dans l'émission sur l'ostéoporose ;-)

      Supprimer
  2. MERCI POUR VOTRE ENGAGEMENT
    UNE MAMAN

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci UNE MAMAN. Soufflez ça à l'oreille de mon président du CNOM ;-)

      Supprimer