Il
y a bien longtemps dans notre pays comme dans d'autres pays
aujourd’hui développés, on mourait de faim. Terrible famine. On souffre pour ne
pas dire qu’on meurt maintenant des conséquences de trop de et/ou de
malbouffe. Je défie quiconque de me dire qu’il ne connaît pas le
célèbre slogan :
«
Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop
salé » ou encore « Pour votre santé, évitez de grignoter entre
les repas »
gentiment inscrit par celui-là même qui te vend de la
merde. Inscriptions certes imposées par les autorités qui au passage se dédouanent en même temps qu'elles dédouanent les industriels de toute responsabilité au cas où il t’arriverait
malheur. Tu ne pourras pas dire que tu n’étais pas prévenu. Traduction : on autorise des types à se faire du fric en te vendant de la nourriture mauvaise à la santé mais tu le sais, tu es un grand garçon donc tu n'as pas à te plaindre...
Moderatus…
Il
n’y a pas si longtemps dans notre pays, nous étions totalement démunis
face à de nombreuses pathologies infectieuses. La découverte des
antibiotiques fut une formidable et incontestable avancée (1928, Fleming, découverte de la pénicilline). Ces
molécules ont permis de sauver des vies. N’oublions pas qu’elles
en sauvent encore. Mais nous payons aujourd’hui les conséquences de
leur surconsommation. Je défie quiconque de me dire qu’il ne
connaît pas le célèbre slogan d’Ameli :
« Les
antibiotiques c’est pas automatique » ou encore « Les antibiotiques utilisés à tort, ils deviendront moins forts».
Moderatus…
Il
n’y a pas si longtemps dans notre pays, nous disposions de très peu de médicaments.
Même si malheureusement il nous en manque encore pour vaincre
certaines pathologies, nous en avons désormais pléthore au point que nous pouvons parfois tomber
malade pour ne pas dire mourir de surprescriptions, de
surdosages et d’interactions médicamenteuses.
Moderatus…
Il
n’y a pas si longtemps, nous ne savions pas dépister. Nous payons
aujourd’hui les conséquences de certains dépistages (dépistage
systématique du cancer de la prostate par dosage du PSA, dépistage
systématique du cancer du sein par mammographie même s’il ne faut
pas le dire).
Moderatus…
Il
y a un bon moment maintenant, on a découvert le principe de la
vaccination (Jenner, 1796, bien avant les antibiotiques). Cette découverte fut une formidable avancée. L’OMS
avance les chiffres de 3 millions de morts et 750 000 handicaps
prévenus chaque année grâce à la vaccination. Comment ne pas être séduit par ces
chiffres et par l’idée non pas de traiter mais d’éviter de
contracter une maladie dont certains cancers ?
On
pourrait envisager de faire les mêmes réflexions sur les vaccins
que celles faites sur les précédents sujets. Mais transposer ces réflexions est risqué en ce moment… On se fait beaucoup plus
d’amis, beaucoup moins d’ulcères, et probablement plus de fric
si on choisit d’avancer tête baissée dans la voie de la
vaccination à tout va. Impossible donc d’en tirer la conclusion :
Moderatus.
Dans
une société du sensationnel et de l’immédiat où l’on pense
tout maîtriser, pas très étonnant que la médecine
de l’action soit préférée à la médecine de la réflexion. Il est évident que
face à un arrêt cardiorespiratoire comme devant d’autres
situations d’urgence, le médecin (mais pas que) n’a pas de question à se
poser, il faut agir et vite. Mais pour tout le reste ?
Moderatus ?
Même s'il faut agir, la
médecine, n’est ce pas aussi parfois savoir et accepter de ne rien faire ?
La
médecine, n’est ce pas souvent savoir marcher en équilibre sur un fil ?
Si tel est le cas, que
se passe-t-il si tu te précipites ?
Parfois ça passe, souvent
ça casse.
Que
se passe-t-il si en équilibre sur ce fil tu ouvres le parapluie (à comprendre ici comme une
médecine défensive lorsqu’on se barricade derrière des prescriptions
exagérées d’examens ou de traitements) ?
Tu penses beaucoup à te
protéger, un peu à protéger le patient, être le puissant qui
maîtrise tout. Rien de plus humain. Mais sur un fil, si tu ouvres le
parapluie, tu te casses tout simplement la gueule.
Douter,
se remettre en question, prendre du recul, c’est chiant, c’est
angoissant, c’est dévalorisant, c’est avancer moins vite qu’on
ne l’avait prévu. Mais c’est avancer quand même.
Pourquoi
toujours plus ? Toujours trop ? Pourquoi seule prévaut la loi du tout ou rien ? Est-il si difficile
d’avancer de façon modérée, nuancée, sans passer d’un extrême
à l’autre ? Sans pour autant être considéré comme un
extrémiste ?
La
médecine est à mes yeux aujourd'hui quasi exclusivement centrée sur la
technicité.
Pour
certains, c’est une forme de pouvoir. Une forme seulement ? Non, c'est un pouvoir à part entière.
Pour
d’autres, c'est un banal bien de consommation.
On
peut sans excès dire que trop souvent médecine rime avec business,
gain, rentabilité.
Affublée
de tous ces attributs, la médecine peut-elle encore être un art ?
Moderatus...
.
L'entassement, le toujours plus et encore plus, la simplification qui entraîne une procédure de simplification qui s'empile sur ce qui existe déjà et qu'on ne peut supprimer ou synthétiser....C'est un fonctionnement social affolant et inquiètant qui semble jusqu'auboutiste et à courte vue. comment recentrer l'ensemble sinon en se posant la question de ce que l'on veut exactement et en se posant constamment la question de savoir si le travail réalisé se fait bien en fonction de cet objectif ou si en définitive l'objectif serait différent, caché, implicite ou inavoué. Veut on le meilleur soin pour le patient ou protéger l'institution? Veut on le meilleur soin du patient ou protéger l'industrie pharmaceutique? Veut on le meilleur soin du patient ou lui donner l"illusion" de ce meilleur soin? Veut on le meilleur soin du patient ou pérenniser l'existence de structures qui nous donnent du boulot en nous donnant l'"illusion" de travailler?
RépondreSupprimer"On peut sans excès dire que trop souvent médecine rime avec business, gain, rentabilité."
RépondreSupprimerHeureusement que c'est un médecin qui le dit !!..........Beaucoup pleurent qu'on les traite de "nantis" ;)
Depuis que je lis des blogs médicaux , j'ai de moins en moins envie d'aller chez le médecin ...