8
mars : Journée internationale de la femme.
Hormis
partager une petite bouffonnerie comme l’illustration qui suit, que
peut raconter un médecin sur un blog médical à ce sujet ?
Derrière
l’humour, il y a souvent un questionnement. Se questionner fait
avancer. C’est donc important de rire ! Ici, l’illustration
m’amène à la question de l’égalité homme-femme. Et même si
c’est mal de dire ça aujourd’hui, arrêtons de se la raconter,
il y a des femmes aussi sinon plus connes que certains hommes. Voilà,
boum, paf, ça commence, mal, très mal, mais un partout, égalité !
Plus
sérieusement, on parle de la Journée internationale pour le droit
des femmes. Dans notre pays, les femmes n’auraient-elles donc pas
les mêmes droits que les hommes ? En auraient-elles moins ?
En gagner permettrait-il de diminuer ces inégalités ?
L’égalité ?
Légalité ?
Illégalité ?
Inégalités ?
C’est
par le prisme étroit de ma subjectivité d’homme médecin, en
distillant quelques dates mêlant droit, médecine, et femmes, que je
vais tenter quelques réflexions en cette occasion.
D’abord
femme et médecine ?
C’est
en 1875 que pour la première fois en France une femme, Madeleine
Brès, devient médecin. A l’époque, comme toute femme mariée,
jugée irresponsable par le droit français, elle dut obtenir le
consentement de son mari pour s’inscrire à un diplôme.
Inconcevable aujourd’hui, en terme de droit… Quant aux facultés
de médecine elles sont désormais remplies de jeunes femmes et n’en
déplaise à certains, c’est tant mieux !
Sautons
un siècle plus tard. 1975, cela fait environ trente ans que le
droit de vote est accordé aux femmes. Et c’est une femme non
médecin qui entre dans l’histoire. Alors ministre de la santé,
Simone Veil se bat pour la loi qui portera son nom, texte
dépénalisant l’avortement.
Avant
1975 et la loi Veil, que se passait-il ?
Au
Moyen Âge, l’avortement était considéré comme un crime puni de
la peine de mort. Au XVIII ème siècle, on assouplit la peine pour
l’avorteur (pas pour l’avortée…) qui risque alors vingt ans de
réclusion. En 1820, le code pénal punit de réclusion les
personnes qui pratiquent, aident ou subissent un avortement. Les
médecins et pharmaciens sont condamnés aux travaux forcés. En
1920, la Première Guerre Mondiale a frappé, beaucoup de soldats
sont morts, on observe une augmentation de la mortalité infantile,
il faut relancer la natalité. Une loi est alors votée pour
interdire la contraception, la propagande anticonceptionnelle et
l’avortement considéré comme un crime passible de la Cour
d’Assise. En 1939, des brigades policières chargées de traquer
les faiseuses d’anges (avorteuses) sont créées. En 1942,
l’avortement est un crime d’État puni de mort. En 1943, une
avorteuse est exécutée.
Encore
aujourd’hui certains souhaiteraient interdire l’Interruption
Volontaire de Grossesse. Au nom des Droits de l’Homme… sur la
femme ?
Droit
d’étudier, droit de vote, droit à la contraception, droit
d’avorter, que de droits gagnés mesdames ! Auriez-vous encore
des combats à mener , d'autres défis à relever ? Pour vous
libérer de quelles chaînes ? Puisqu’on parle de la Journée
internationale du droit des femmes, y aurait-il des droits non
respectés, non acquis ?
Il s’agit peut-être d'évoquer par exemple le droit à même rémunération que les hommes à diplôme et expérience équivalents ?
Il
s’agit aussi sans aucun doute de pointer du doigt le droit de ne
plus mourir sous les coups de son conjoint. Une femme meurt tous les
trois jours en France suite à des violences conjugales. Je répète :
une femme perd la vie tous les trois jours, aujourd'hui dimanche, la
prochaine mercredi, puis samedi, mardi, vendredi, et ainsi de suite.
Le calendrier de l'enfer. Silence. Tic-tac angoissant du pendule doré
d'une vieille horloge aux sombres boiseries vermoulues. Compte à
rebours assassin. Droite-gauche. Dernier round. Silence. Les
souvenirs. Quelques gouttes de sang séché. Absence de larme dans un
océan de chagrin. Crève-cœur-120 battements par minute-180-la
chute infernale-40-10-dernier coup frappé-anesthésie des
émotions-Silence.
Aux sombres héros de l'amer qui ont su
traverser les océans du vide...
Un
décès toutes les 72 heures. Un chiffre terrifiant, laissant
imaginer l’ampleur du nombre de femmes qui ne meurent pas mais
souffrent en silence durant des années, des décennies. Silence...
La loi du silence. Le silence de la loi. L'égalité, légalité ?
Illégalité, inégalités ?
Rêvons
un instant qu'à travers le monde plus aucune femme ne subisse
tortures, barbaries, et viols. Imaginons une minute que l’on
efface les différences de droits, de traitements, de rémunérations
entre hommes et femmes et que d’un coup de baguette magique tout
ceci soit véritablement appliqué. Pourrait-on supprimer cette
journée du 8 mars ? Y aurait-il encore des raisons de la
préserver, d'autres défis à relever ?
La
femme, prisonnière de l’image ?
Il
est aujourd’hui impossible de vivre sans être quotidiennement
intoxiqué par l’image de la femme dite « parfaite ».
Fantasme de l’homme, cauchemar de la femme.
Télévision,
internet, magazines, publicités, sensualité, décolleté, nudité,
sexualité, gourous de la mode, impossible d’y échapper.
Quel
impact sur la femme ET l’homme en devenir ? L’estime de
soi ? Le respect de l'autre ? Se comparer, s’identifier, se construire, se moquer, se
renfermer, se détruire…
Exemple de rencontre possible en feuilletant un magazine :
Peut-être
la femme « parfaite » d'aujourd'hui? La grâce.
Voilà
comment pouvait-être représentée la femme dans les années 1745.
La grasse.
Œuvre :
L'odalisque brune de François Boucher.
Dans
trois siècles, ni grâce ni grasse? Plus que peau et os ?
Peut-être
qu’il ne faudra pas attendre si longtemps car désormais, la femme
« parfaite » est prise quasiment au berceau.
Donc oui sans aucun doute le combat
a des raisons de continuer. Femmes, déchaînez-vous ! Non,
c'est nul. Est-ce un combat que seules les femmes ont à mener ?
L'égalité.
Femmes, hommes, déchaînons-nous !
Incisons d'un coup de scalpel les tentacules de cette pieuvre spirituelle !
Clouons le bec aux inquisiteurs de la plastique !
Il y eut autrefois des faiseuses d'anges, il y a aujourd'hui des faiseurs d'anorexiques.
Et que penser de ceux qui gonflent leurs bourses sans scrupule en vendant des strings à des gamines de dix ans ? Est-ce vraiment ce genre de société que l'on souhaite pour nos enfants, futurs adultes ?
Soyons tous conscients que certains jouent aux fléchettes sur la cible de notre inconscient, en plein dans le mille.
Incisons d'un coup de scalpel les tentacules de cette pieuvre spirituelle !
Clouons le bec aux inquisiteurs de la plastique !
Il y eut autrefois des faiseuses d'anges, il y a aujourd'hui des faiseurs d'anorexiques.
Et que penser de ceux qui gonflent leurs bourses sans scrupule en vendant des strings à des gamines de dix ans ? Est-ce vraiment ce genre de société que l'on souhaite pour nos enfants, futurs adultes ?
Soyons tous conscients que certains jouent aux fléchettes sur la cible de notre inconscient, en plein dans le mille.
Détendons légèrement
l'atmosphère en chapardant quelques paroles pour chanter :
"Être une femme libérée,
tu sais c’est pas si facile"
"Femmes, je vous
AIIIme !"
La musique adoucirait les mœurs.
Si elle ne réussit pas, la brigade veille.
Les mots. Le silence.
La
violence des mots. Les mots-la libération-la liberté.
La douceur du
silence. L'angoisse-un silence de mort.
Le jour-la nuit. Le blanc-le
noir. Le méchant-le gentil. C'est tellement plus simple de lire la
vie ainsi.
Ainsi, par le prisme étroit de sa
subjectivité, tantôt ami de femmes, tantôt ennemi, soignant,
blessant, toujours amoureux d'une femme, sa femme, parfois agacé par
les propos et comportements de femmes, souvent atterré par
l’extrémisme de certaines féministes en même temps qu'il admire
le combat d'autres, voilà ce que peut raconter, questionner,
chanter, improviser, blablater un homme médecin sur un blog médical
en ce 8 mars 2015.
Bonne journée et même excellente journée Mesdames !
Ce n'est pas la journée de la femme, mais la journée internationale des droits des femmes. C'est une vraie différence
RépondreSupprimerSans doute me suis-je très mal exprimé, mais après une intro volontairement provoc, maladroite et imprécise, je reviens à un peu plus de sérieux en précisant qu'il s'agit de la journée internationale pour le droit des femmes avec tout le reste du billet consacré à ce sujet. Du moins il me semble. Nous sommes donc très probablement sur la même longueur d'onde ;-)
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