Larmes,
honte, et fierté.
Le
6 janvier au petit matin, je publiais un post dont la conclusion
mesquine comportait ces mots : «nous sommes en janvier 2015, tout va
bien dans le meilleur des mondes…»
L'après-midi de ce même 6 janvier, lors d’une réunion de travail je présentais
un petit topo qui traitait de violences, de victimes, d’auteurs, de
psychotraumatismes, de dissociation, de mémoire traumatique, topo
plus que fortement inspiré des écrits de Muriel Salmona.
Puis
le 7 janvier… pas besoin de faire un dessin… quoique…
D'abord les
larmes.
J’ai
pleuré.
Pleuré
des larmes muettes face à cette lâche cruauté.
Pleuré
les victimes, toutes les victimes, d’hier, d’aujourd’hui et de
demain, ainsi que leurs proches.
Pleuré
ceux qui à leur façon ont tenté de libérer la pensée de ses
chaînes par un simple trait de plume.
Pleuré
l’innocence du citoyen anonyme qui se lève le matin pour aller
faire son taf et qui ne rentrera jamais, agent d’entretien,
fonctionnaire de police.
Pleuré
de tenter d’expliquer l’inexplicable à mes enfants.
Enfant.
Dans
mon esprit, loin devant Charlie, l’une des «célèbres»
victimes de cet effroyable attentat me renvoie à mon enfance. Ce
zigoto à la drôle de tignasse qui me faisait penser à un moine aux
côtés du nez de Dorothée. L’innocence de l’enfance. Si un jour
on m’avait dit que Cabu terminerait comme ça un matin d’hiver…
Expliquer l’inexplicable, l’impensable.
J’ai
aussi pleuré les possibles conséquences en tout genre de ce drame,
les amalgames, la récupération, et ce musulman que j’ai vu
pleurer autant sinon plus que d’autres pendant la minute de
silence.
Ensuite la
honte.
J’avoue
aussi avoir honte d’être ce citoyen moyen, ronchon, qui ne
ressentait quasiment plus rien le matin devant son bol de café
lorsque la radio relatait qu’un énième attentat avait fait des
dizaines de morts loin de chez lui.
Honte
de cracher régulièrement à la gueule des fonctionnaires alors que
nombre d’entre eux défendent nos libertés, courent sauver des
vies, traquent au péril de la leur ceux qui sèment la terreur et la
mort.
Honte
d’entendre cette petite poignée d’irresponsables politiques
fissurer cette fameuse union nationale à peine née en se querellant
au sujet d’une marche républicaine.
Honte
face aux premiers incidents visant la communauté musulmane.
Enfin et surtout la
fierté.
Malgré
tout je suis fier.
Fier
de faire partie de ce peuple qui se donne la main, de cette
démocratie qui fait malgré tout bloc avec dignité et respect.
Fier
de ce message de paix qui s’est répandu à la vitesse de la
lumière à travers le monde. Quelle magnifique pandémie. Propageons
la plus encore.
Fier
de voir fleurir textes émouvants, images saisissantes et même
dessins «humoristiques» nés de cette tragédie.
Soyons
convaincus et faisons tous en sorte que face à la plume, la
cartouche ne fasse jamais le poids.
Laissons
couler l’encre, pas le sang.
Les mots
comme les larmes : c’est moi.
L'illustration :
pour une fois j’ai tenté de prendre ma plume pour ça aussi.
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