vendredi 6 janvier 2017

ON NE SAUVERA PAS LE MONDE MAIS ?


Crépuscule 2016 - Veilles de Noël.

Dix jours - Pas de mot.

Ne pas réagir à chaud - Respecter l’insoutenable douleur.

On ne sauvera pas le monde mais ?

Ça on savait.

On savait depuis au moins une dizaine d’années que l’administration orale de vitamine D chez le nourrisson sous la forme d’Uvestérol en pipette pouvait provoquer des malaises.

Qui savait ?

Le laboratoire Crinex père de l’Uvestérol savait puisqu’il a tenté de revoir sa copie pour améliorer le dispositif d’administration.

L’Agence française du médicament savait puisqu’elle a demandé au laboratoire de revoir sa copie.

Au ministère de la santé sous la droite comme sous la gauche, j’ai du mal à croire que personne ne savait.

Les médecins ?

Il y a différentes façons d’exercer la médecine. D’un côté la médecine cow-boy galvanisée par ses indéboulonnables certitudes. De l’autre la médecine paralysée par le doute permanent, sidérant. Ces deux médecines sont dangereuses. Fort heureusement, des médecins lisent, se forment et s’informent pour tuer en partie leurs doutes tout en étant conscients qu’ils ne deviendront jamais des cow-boys.

La médecine ne sauvera jamais le monde mais il suffisait de lire pour savoir ça :



Revue Prescrire, 2014.

Simple redite d’articles plus anciens.

Extraits :





Dans ma réalité, la chose était entendue. On ne prescrivait quasiment plus d’Uvestérol et les quelques fois où j’en voyais passer je proposais aux parents de le substituer par une autre vitamine D en leur expliquant la raison.

Dans la réalité, des nourrissons sortaient encore tout récemment de certaines et trop nombreuses maternités sous Uvestérol.

Notre réalité, la réalité, il y a toujours un écart.

Tout récemment, une jeune mère me téléphone affolée car elle administre de l’Uvestérol à son bébé. Elle vient de voir l’affaire à la télé. Je la rassure, l’invite à remplacer sa vitamine D. Elle m’informe qu’elle est sortie de la maternité avec cette prescription sans aucune explication. Je lui demande si le médecin qui suit son enfant ne lui a pas proposé une autre forme de vitamine.

Réflexion personnelle qui jaillit quelque part dans mon cerveau pendant la conversation téléphonique : « Ces médecins qui ne lisent pas et ne s’informent pas, vraiment quelles plaies ! »

Sauf que le seul médecin consulté depuis la sortie de maternité de cet enfant, c’est moi…

Réflexion qui jaillit quelque part dans votre cerveau pendant la lecture de ce billet : « Quel loser ce toubib, il ne s’est pas préoccupé de savoir quelle vitamine D reçoit son petit patient et est incapable de se rappeler de cette consultation quand la mère l’appelle ! »

Réalité de la médecine :

-aucune prescription de médicament ou d’examen d’investigation n’est anodine

-il faut vérifier ce que l’on fait

-il faut vérifier ce que les autres font

-il n’est pas toujours aisé de se remémorer en quelques secondes au téléphone un patient vu une seule fois en consultation

Dans ma réalité, on ne prescrivait quasiment plus d’Uvestérol. J’ai certainement posé de nombreuses questions pendant la consultation, mais pas celle-là. Ce jour-là, c’est passé à l’as. Je lis, je m’informe, je savais. Malgré tout j’aurais pu être le médecin d’un nourrisson mort après l’administration d’une dose de vitamine D, prescription du domaine de la prévention...

On ne sauvera pas le monde mais ?

Ça on savait.

Petit risque / gros risque. Petit rhume / gros rhume. Responsabiliser les patients. Responsabiliser les médecins.

Alors mesdames et messieurs les ministres, ex-ministres, candidats et futurs candidats aux responsabilités suprêmes, que fait-on ? Quelles leçons tirons-nous ? Quel programme annoncez-vous ?

Une simple prescription préventive de vitamine D : Aucun risque ? Petit risque ou très gros risque ? Responsabilité du patient, du médecin ? Qui d’autre encore ? D’autres candidats pour accéder aux responsabilités ? Suivez mon regard…

2017, bonne année, bonne santé, la médecine fait et fera encore d’indéniables prouesses. Des médicaments sauveront des vies. Tant mieux. L’espoir.

2017, le contexte est tendu, crispant, incertain, d’autres priorités, état d’urgence, urgence absolue.

Je répète : Le médicament sauve et améliore des vies.

Mais le médicament en cueille également. Combien ? Pourquoi ? Comment l’éviter ?
À quand un plan Vigipirate pour lutter contre ces morts-là ? Cette réalité-là ?

Crépuscule 2016 - Veilles de Noël.

Dix jours - Nourrisson de dix jours - Pas de mot pour décrire l’insoutenable.

On ne sauvera pas le monde mais ?

Ça on savait*.

*Lire à ce sujet le billet coup de gueule d'un confrère triste sur son blog HIPPOCRATE ET PINDARE SONT DANS UN BATEAU

1 commentaire:

  1. Cher confrère, je plussois votre article.

    J'ai moi aussi écrit ma colère.
    Notre système de santé dysfonctionne gravement :

    http://hippocrate-et-pindare.fr/2017/01/06/tristesse-et-colere/

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